Quid de l’herbe à chat ?
Mes clients me demandent de plus en plus souvent s’ils peuvent donner de l’herbe à leur chat. La question est loin d’être anodine. Posée par un propriétaire soucieux du confort de son compagnon, elle s’inscrit pleinement dans les préoccupations actuelles qui font (enfin) du bien-être animal un sujet important. Oui, les jeunes pousses d’orge commune (Hordeum vulgare), aussi appelée « herbe à chat », sont bien utiles au félin qui ne connaît pas les jardins d’extérieur et qui a besoin, comme ses congénères plus libres, de se purger et d’expulser ses boules de poils…
Je conseille cependant à celles et ceux qui veillent à la santé de leur chat de ne pas se limiter à cette fameuse herbe.
Sans verser dans l’anthropomorphisme à outrance, il est aujourd’hui évident que le chat, tout comme les autres animaux domestiques, mérite d’être aussi bien soigné que l’être...
humain. Si les plantes médicinales agissent aussi bien sur nous, pourquoi pas sur eux ? Que ce soit en traitement principal ou en soutien lors de périodes difficiles (gestation, convalescence, animal vieillissant) la visée thérapeutique pourra être plus ou moins large. Le mode d’administration de ces remèdes soulève pourtant certaines questions. Nos compagnons petits ou grands pouvant se montrer fort capricieux, mieux vaut privilégier une posologie minimaliste (avec en tête le macérat glycériné de bourgeons : 1 goutte pour 10 kg). Ceci étant dit, toutes les autres formes d’administration, aussi bien en interne (infusion, poudre de plantes sèches, nébulisat en gélule, etc.) qu’en externe (compresse, cataplasme, onguent, etc.), peuvent être utilisées avec succès. Ces traitements alternatifs nous permettent de nous libérer du duo infernal antibiotiques-corticoïdes, encore trop souvent mobilisé alors que l’on en connaît bien aujourd’hui les effets délétères.
Attention cependant au propriétaire qui, enthousiasmé par les remèdes de la médecine naturelle, s’empresse d’utiliser sa panoplie de phytothérapie sans discernement ! Un minimum de connaissances s’impose. Pour ne citer qu’un exemple, l’usage des huiles essentielles chez les chats ou les jeunes animaux requiert la plus grande prudence, car ils ont parfois beaucoup de mal à les supporter. Cette mise en garde étant faite, je ne peux que vous encourager, vous qui utilisez déjà les plantes pour votre santé, à vous préoccuper de la même manière de la santé de votre animal. Ne semble-t-il pas tout naturel d’étendre le champ d’action de cette médecine à des animaux domestiques qui, à l’instar du chat mangeur d’herbes, se dirigent spontanément vers des remèdes herboristes ?
La capacité d’automédication par les plantes n’est d’ailleurs pas l’apanage du félin domestique. De nombreux animaux, y compris sauvages, ingèrent spontanément les extraits de plantes dont ils ont besoin. Dans les forêts d’Afrique centrale, certains zoopharmacologues observent ces comportements de prise spontanée de plantes par les chimpanzés pour essayer de découvrir de nouveaux remèdes médicinaux qui pourront servir en médecine humaine. Et ainsi l’homme apprend de l’animal…