Hommage au Dr Tubéry
Un médecin phytothérapeute hors du commun nous a quittés fin janvier. Le Dr Pierre Tubéry, qui allait fêter ses 88 ans, est à l’origine de l’utilisation du desmodium en Europe.
Vous connaissez sans doute déjà, chers lecteurs, cette plante protectrice et régénératrice du foie, aujourd’hui reconnue pour sa grande efficacité. Mais il n’est pas sûr qu’il en aille de même du Dr Tubéry, dont la modestie n’a eu d’égale que son obstination à vouloir soigner autrement.
Un médecin phytothérapeute hors du commun nous a quittés fin janvier. Le Dr Pierre Tubéry, qui allait fêter ses 88 ans, est à l’origine de l’utilisation du desmodium en Europe. Vous connaissez sans doute déjà, chers lecteurs, cette plante protectrice et régénératrice du foie, aujourd’hui reconnue pour sa grande efficacité. Mais il n’est pas sûr qu’il en aille de même du Dr Tubéry, dont la modestie n’a eu d’égale que son obstination à vouloir soigner autrement.
Il lui faut pourtant accepter des...
conditions difficiles, car le Dr Tubéry se met au travail dans son garage, dans un local prêté momentanément... Sans aucune aide, si ce n’est celle d’amis, puis le soutien du professeur Jacqueline Ragot, qui le rejoint pour mener à bien les recherches pharmacologiques. Car l’exigence scientifique a toujours été au coeur de la démarche du Dr Tubéry. Ensemble, ils s’intéressent non seulement au desmodium, mais aussi au Gnidia kraussiana (en cas de leucémie) ainsi qu’à la Securidaca longepedunculata (pour le psoriasis). Un travail de l’ombre, non seulement par manque de moyens, mais surtout parce que personne ne souhaitait alors entendre parler de soins à base de décoctions de plantes africaines.
C’est donc dans la plus complète illégalité qu’il effectue ses recherches. Petit à petit, il les rend accessibles aux malades en les diffusant sur internet, mais surtout en créant l’Association Solidarité pour le soutien aux malades. Il fait alors face à des descentes de police, et subit même une garde à vue. À chaque fois il s’en sort, car sa bonne foi saute aux yeux.
Près de trente ans plus tard, à la fin des années 2000, le desmodium, fort d’un dossier médical conséquent, est enfin autorisé en France. Alors que de nombreux laboratoires se saisissent de la plante « miracle », il fait ce commentaire laconique : «Au moins, comme cela, on ne viendra plus nous attaquer. » L’important, pour lui, n’était pas le succès commercial. L’essentiel restait de parvenir à soigner les malades et de continuer d’étudier le pouvoir des plantes ; ceux qui l’ont connu louent unanimement sa patience infinie et sa rare capacité d’écoute, comme dégagée de toutes les autres contraintes. Derrière le découvreur du desmodium, il y avait un médecin humaniste total, dont le sens du partage et de l’intérêt général nous incite à rester optimistes... et à espérer que d’autres plantes africaines prometteuses échappent à leur tour au carcan des préjugés.