Au nom des arbres
Il avait un nom d’arbre. Avec des milliers d’autres, il a voulu défendre un petit coin de forêt où l’arbre, qui porte dans le Midi le même nom que lui, prospérait.
Il pensait que ce refuge pour frênes et fougères, avec tout son cortège de plantes et d’animaux sauvages, valait plus qu’une réserve artificielle destinée à l’irrigation de quelques hectares de maïs, fussent-ils agrobiologiques.
Il pensait que ce refuge pour frênes et fougères, avec tout son cortège de plantes et d’animaux sauvages, valait plus qu’une réserve artificielle destinée à l’irrigation de quelques hectares de maïs, fussent-ils agrobiologiques.
Rémi voulait devenir producteur de plantes médicinales. Il avait contacté en ce sens certains d’entre nous. Il savait que des bois...
comme ceux de Sivens forment un écosystème où les simples abondent et que nous avons besoin depuis toujours de toutes ces ressources médicinales, alimentaires, artisanales... Il savait que ces ressources sont plus que jamais précieuses, fragiles et menacées à l’heure de l’effondrement de la biodiversité. Il avait sans doute fait sienne cette pensée : « Quand l’avenir se rue sur nous avec le désert aux trousses, mieux vaut sentir, dans son dos, l’aubépine qu’un mur de certitudes ». Beaucoup de frênes sont tombés avec Rémi à Testet, mais ce n’est pas l’aubépine qu’il a sentie dans son dos la nuit du 25 octobre. C’est l’arme des certitudes.
C’est l’arme de celles et ceux qui veulent imposer le dogme de la technologie et de la croissance sans limite, qui s’accaparent les derniers espaces naturels, empoisonnent les sols et les sources, détruisent les forêts et dépeuplent les eaux. Qui gaspillent le bien commun et hypothèquent la vie de tous les enfants de la terre.
Nous sommes nombreux à pleurer notre petit frère, il n’y a pas de plante pour le sauver, il n’y a pas de recette pour la lutte contre les certitudes mortifères. Mais nous pouvons tous changer nos modes de vie pour aller vers la simplicité, la sobriété et l’amour de la nature. Car c’est bien d’abord notre consommation outrancière qui nourrit et légitime les politiques et les idéologies destructrices à l’œuvre partout sur la planète.