Médicinales, la parole est à la défense
Des millénaires d’utilisation démontrent clairement que les plantes sont de puissantes alliées pour nos problèmes de santé. Et pourtant, j’entends régulièrement ce cri de frustration : « Les plantes médicinales, ça ne fonctionne jamais lorsqu’on en a besoin ! »
Le XXe siècle a vu les plantes graduellement disparaître de nos habitudes de vie, à tel point que nous avons oublié certaines clés de leur utilisation. Voici quelques idées reçues qu’il faudrait repenser.
« Les plantes ont mauvais goût, je les prends donc en gélules. »
Notre bouche n’est plus accoutumée aux saveurs. Où sont passés les âcres, aromatiques, astringents et amers d’autrefois ? Le goût et l’odeur permettent aux plantes de pleinement s’exprimer. Les amères, par exemple, doivent stimuler nos papilles gustatives afin de réveiller une digestion paresseuse. Les composés aromatiques qui se dégagent d’une infusion ont une action thérapeutique. Les gélules n’ont pas cet avantage. La plante brute (feuille, fleur, racine, écorce) qui se trouve dans nos herboristeries traditionnelles nous permet de humer, de goûter et finalement de nous réapproprier la plante.
« Je prends quelques gouttes de teinture de passiflore tous les soirs et je dors toujours aussi mal. »
On nous a ...
; fait peur en ne cessant de nous répéter qu’il fallait faire attention aux plantes et qu’elles pouvaient vite être dangereuses. Certes, on ne peut pas faire n’importe quoi. Mais dans l’ensemble, nous sommes tombés dans un problème de sous-dosage. Feuilletez les vieux ouvrages et vous verrez que dans de nombreux cas, on parle plus de cuillère à café que de gouttes. Dans certains cas, il faut aller au-delà des doses recommandées sur la boîte, ou rien ne bouge.
« Ça fait dix jours que je traîne mon froid et l’échinacée ne m’a rien fait. Pourtant, j’en prends deux fois par jour ! » Pour tout problème aigu, en particulier une infection hivernale, il faut passer à des doses rapprochées. Une prise deux fois par jour ne fera pas grand-chose. Une prise toutes les deux heures jusqu’à cinq à six prises par jour fera toute la différence. Un problème aigu et de courte durée requiert une stratégie bien différente d’un problème chronique. Mais ça, peu d’ouvrages l’expliquent.
« Le plantain est soi-disant antihistaminique mais j’en prends depuis une semaine et j’ai toujours le nez qui coule. »
Un problème de fond qui dure pendant plusieurs mois, voire plusieurs années, nécessite une prise sur une longue durée. On ne peut pas espérer un résultat au bout de quelques jours. Beaucoup abandonnent au moment où la plante commence à peine à faire effet. Pour les allergies par exemple, il faut démarrer les plantes deux à trois semaines avant l’arrivée des pollens et continuer pendant les mois de printemps.
La plante est moins prévisible que le médicament et elle met plus de temps à agir. Il faut souvent essayer plusieurs plantes à plusieurs doses et noter les progrès afin de pouvoir ajuster le tir. En clair, il faut expérimenter, être curieux, patient, persévérant et organisé. Là sont les clés de l’efficacité des médicinales. Sans cela, on risque hélas de remettre nos chères plantes au placard.