Gardons l’œil ouvert
L’été, sur les marchés, on cause, on discute... À la faveur du farniente, d’un moment de flânerie, on redevient curieux. « Et ce melon sucrin, il est cultivé dans la région ? » ; «Vous avez encore des abricots, c’est une variété tardive ? » Scènes pittoresques et classiques des marchés estivaux, me direz-vous... Quand on a l’occasion et le temps de profiter des produits du terroir ! Pourtant, cet été, au-delà du piquant et de la truculence de certains dialogues, j’ai eu une autre impression. Bien sûr, il était question de bonne chère, mais dans les queues, devant les étalages privilégiant les produits du cru et bio, on s’est aussi félicité de l’interdiction du pesticide diméthoate pour les cerises ; on a aussi pu assister à des animations originales sur la cuisine et la nutrition. Et je n’ai pu m’empêcher d’y...
voir un signe. Le signe que, vacances ou non, un mouvement plus ample est enclenché vers une autre logique de consommation. Une logique qui souhaite éviter l’ineptie consistant à faire parcourir par bateaux ou avions-cargos des produits frais sur des milliers de kilomètres. L’ineptie provoquant ainsi le gaspillage de milliers de tonnes de carburant pour leur faire franchir océans et montagnes ; l’ineptie de favoriser les monocultures d’exportation pour participer à la grande bouffe de la mondialisation. L’ineptie d’oublier et d’asphyxier au passage les lières paysannes locales.
Je dois dire que cela m’a fait plaisir d’entendre ces échanges au cours desquels s’affiche une attitude vigilante et un soutien clair à une alimentation durable, qui se double du plaisir retrouvé de choisir LE bon produit. On ne s’en rend pas forcément compte, mais c’est en soi tout un art. Imaginez qu’au Japon, il existe des ventes aux enchères de fruits d’exception : une grappe de raisins dont les grains étaient particulièrement gros et, pour l’initié, sucrés s’est vendue cette année 10 000 euros !
Sans rentrer dans ce genre de surenchère, et si nous essayions de garder en cette rentrée nos habitudes exigeantes de l’été ? En commençant par le plus dur, dans les supermarchés : prenons soin de lire les étiquettes le plus souvent possible. Trop fastidieux ? Transformez cela en jeux, en devinettes en famille ou en enquête de détective... Ce colorant est-il vraiment naturel ? Oui, le E162 est issu de la betterave. Testez aussi votre capacité à ne pas vous faire manipuler : cette confiture de myrtilles semble bien appétissante, mais si elle n’en contient que 10 %, c’est non ! Gardez aussi l’esprit petit producteur... Ça tombe bien car du 17 au 25 septembre, la Fédération nationale pour l’agriculture biologique* organise plus de 300 événements dans toute la France, incitant à découvrir les circuits courts de distribution.
Alors oui, pour cette rentrée, engageons-nous à ouvrir l’œil, à exercer notre regard critique de consommateur averti et responsable. Et pour peu, vous allez voir, on continuera même à se sentir en vacances !