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L’étang de Launay Dans mon jardin d’hiver

L’étang de Launay

Quand l’hiver approche, certains jardins s’éveillent pour laisser émerger un festival d’écorces et de troncs qui réinventent avec magie cette froide saison. C’est alors que l’étang de Launay se met en scène, avec de véritables créations, et invite les essences les plus rares à composer, auprès des fleurs les plus simples, un tableau vivant.

C’est à la moitié du XXe siècle que certains spécialistes du monde horticole se sont intéressés de plus près aux colorations hivernales et à la diversité picturale que les écorces pouvaient apporter au jardin. Plus récemment, le photographe botaniste Cédric Pollet vient de publier un livre à ce sujet. En France, c’est sur la côte d’Albâtre, à Varangeville-sur-Mer, que le « jardin d’hiver » fascine. La princesse Greta Sturdza révèle, à travers la création de son jardin en 1957, Le Vasterival, un système horticole harmonieux, fait de simples perspectives, de couleurs et d’associations rares, évoluant de saison en saison. Elle transmet autour d’elle sa passion des écorces que Jean-Louis Dantec, propriétaire de l’étang de Launay, magnifie à merveille depuis 1989.

Un temple végétal

C’est donc au bord des falaises de Varengeville sur Mer que se trouve ce mystérieux jardin, un lieu secret où les couleurs hypnotisent… le temps d’une promenade. Lorsque Jean-Louis Dantec a fait l’acquisition de ce terrain en pente de près de 6 hectares, rien ne laissait présager qu’il deviendrait en quelques années un petit paradis terrestre. Notre regard est immédiatement attiré par ces petites vallées qui ondulent autour de multiples étendues d’eau.

Jean-Louis Dantec a voulu faire évoluer le parc et a su profiter pleinement de ce microclimat humide et frais pour laisser exploser autour de lui des milliers d’espèces telles que des hortensias, des cornouillers, des graminées, des érables, des prunus, des hamamélis dont il vénère les odeurs, quelques conifères… et surtout des bouleaux. « Ils sont étonnants et représentent aujourd’hui une gamme immense qui va du blanc pur au rouge, en passant par l’orange, le jaune, le zébré… l’aspect de leur écorce se modifie avec le passage des années. » Au fil de la promenade, on se rappelle également toutes les richesses médicinales de ces espèces. Les bouleaux, ne l’oublions pas, sont riches en composés actifs et recèlent de nombreuses propriétés dépuratives et digestives. Mais ce qui attire l’oeil, c’est surtout la beauté de leur transformation hivernale, qu’il s’agisse des tiges, des branches ou des écorces, qui profitent de la disparition du feuillage pour parader. « Certes, il y a peu de couleurs en hiver, mais ce sont les silhouettes qui m’intéressent, l’arbre devient presque une sculpture. » Comme ce pin au...

bord de l’eau, avec sa silhouette élancée, ou cet autre prunus dont les branches s’arquent vers l’extérieur ; l’érable du Japon a un port naturel très gracieux et très graphique, une silhouette aux formes érigées, étalées, voire arrondies. En effet, l’hiver donne aux arbres un profil plus juste et l’aspect visuel de l’écorce est mis en valeur.

Un voyage immobile

Pour démarrer son jardin, Jean-Louis Dantec a dû partager et échanger quelques espèces et créations végétales venues d’ailleurs, de l’Angleterre, de la Belgique… Car en hiver, il y a des associations qui fonctionnent très bien ; comme ce Prunus maacki dont l’écorce brun jaunâtre luisante et dorée au côté d’un Prunus serrula « Dorothy Clive » à l’écorce brun roux brillante, au pied duquel vous trouvez les pousses jaune orangé et rouges d’un Cornus sanguinea « Winter Flame » et un hamamélis dont les branches fleuries colorent l’ensemble… Certaines espèces sont originaires de pays lointains, de la Chine, du Japon ou des États-Unis, et fleurissent de manière précoce en sol normand.

Tout en cheminant, on se sent protégé du vent ; les conifères et les bouleaux étendent leurs frondaisons au-dessus de nos têtes comme si nous empruntions un passage secret. On se laisse séduire par ce majestueux érable japonais Acer palmatum « Bi Hoo », magnifiquement accompagné par un hamamélis × intermedia « Arnold Promise » qui vous regarde avec ses grandes fleurs jaunes parfumées. Jean-Louis Dantec se concentre sur la transition entre les saisons ; ainsi, le spectacle d’un prunus peut se prolonger plus longtemps qu’on ne le pense. Après le jaillissement printanier des fleurs, une écorce aux couleurs inhabituelles se dénude en hiver. Comme ce Cornus controversa « variegata » qui passe du vert au rouge entre le printemps et l’hiver, ou ce cyprès chauve Taxodium distichum « Pendens » qui se recouvre d’une écorce brune, voire rougeâtre, sur un tronc pouvant atteindre deux mètres de diamètre ! Et autour de l’étang, un reflet somptueux s’étale sous vos yeux comme une peinture impressionniste, avec ces bambous, ces saules, et ces Betula nigra aux écorces chamarrées de couleurs orangées tombant en plaques pour un déroulé harmonieux. La promenade en deviendrait presque mystique…

Comment y aller

Adresse
L’étang de Launay,se trouve à Varangeville-sur-Mer, à quelques kilomètres de Dieppe (76119). Jean-Louis Dantec ouvre son parc uniquement sur rendezvous. Il propose une visite guidée en petit groupe. Tél. : 06 03 81 25 82 . Prix de la visite de groupe : 20 e.www.varengeville-sur-mer.fr

Hébergement La Saint Mare, jolies chambres d’hôtes et chaumière dans un parc fleuri à Varangeville-sur-Mer. 80 e la nuit pour deux personnes. Tél : 02 35 85 99 28 ou 06 18 92 28 20 Courriel : claudine.goubet@ chsaintmare.com Site : www.chsaintmare.com

Le noisetier de la sorcière

L’hamamélis est un des plus jolis buissons fleuris hivernaux. On utilise ses feuilles (séchées), ses graines, ses brindilles et même son écorce en phytothérapie, car la plante contient des tanins astringents en grande quantité qui permettent un renforcement de la tonicité veineuse, ainsi que des flavonoïdes. On utilise surtout l’Hamamelis virginiana. Du fait de sa ressemblance avec le noisetier, et des pouvoirs magiques que lui attribuaient les sorciers indiens, cet arbrisseau porte également le nom de « noisetier de sorcière ». Ces sorciers s’en servaient pour traiter de nombreux problèmes inflammatoires, arrêter les hémorragies et remédier aux règles trop abondantes.

3 questions à Cédric Pollet

L’étang de Launay fait partie des vingt lieux présentés dans le nouveau livre « Jardins d’hiver. Une saison réinventée », (Éd. Ulmer) de Cédric Pollet. Le photographe botaniste, passionné d’écorces, nous en dit plus sur cette surprenante diversité.

Qu’est-ce qui vous a donné envie de consacrer un livre à ces jardins d’hiver ?

Ma passion pour les écorces ! Je recherchais une certaine couleur, car il n’y a pas que les fleurs qui permettent cela ; par exemple, l’association des cornouillers rouges ou des érables à peaux de serpent rouges avec un tapis blanc de givre, c’est une coloration hors du commun… et qui prouve que l’hiver n’est pas une saison triste ou monochrome. Dès qu’il y a arrêt de la sève, la plante entre en dormance et les écorces passent parfois du jaune au rose crevette, les conifères passent du vert au jaune… Les plantes jouent avec le froid. Observer cette évolution des écorces, couleurs, formes qui apparaissent et disparaissent au fil du temps, me fascine.

Peut-on dire que le jardin d’hiver est une approche novatrice ?

Cette idée est arrivée tardivement dans l’art des jardins ; c’est dans les années 1960 que le pépiniériste Adrian Bloom a développé une gamme de conifères nains associés à des bruyères et quelques fleurs hivernales pour créer une véritable mise en scène. Progressivement, on y a ajouté des graminées, des arbres à écorces, des tiges colorées. L’utilisation d’essences d’arbres venant d’ailleurs est très récente.

Que souhaitez-vous transmettre avec votre livre ? 

Je ne fais que recenser, révéler d’un point de vue subjectif et transmettre. Mon souhait est que les lecteurs contactent les pépinières citées dans mon livre et créent à leur manière un jardin d’hiver.

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