Les serres du jardin botanique de Nancy Dans mon jardin d’hiver
Le jardin botanique Jean-Marie Pelt, situé au sud-ouest de Nancy, réserve de belles surprises en hiver grâce à ses serres tropicales qui ont été rénovées récemment. Les visiteurs peuvent explorer la flore de la forêt tropicale humide et celle des milieux arides d’Amérique et d’Afrique, sans oublier les espèces endémiques des îles de l’Océan Indien.
Baptisée en l’honneur du célèbre botaniste lorrain, cette réserve de biodiversité végétale propose de nombreuses collections. Parmi elles, les serres tropicales offrent aux visiteurs un dépaysement garanti. Ainsi, quand on pénètre dans la première, consacrée aux plantes aquatiques, le regard plonge vers un grand bassin. Flottant à sa surface, le spectaculaire nénuphar d’Amazonie étend sa feuille au bord relevé comme un plat à tarte géant.
« Cette espèce peut atteindre plus d’un mètre et demi de diamètre », précise Marc Rémy, responsable des serres tropicales depuis 1988. Des plantes semi-aquatiques comme le Cyperus papyrus (le fameux papyrus à papier utilisé durant l’Antiquité), originaire d’Égypte – illustrent la diversité des végétaux qui vivent dans l’eau. Les jacinthes d’eau (Eichhornia crassipes) et la laitue d’eau (Pistia stratiote) sont quant à elles des espèces exotiques envahissantes. À l’extrémité du bassin, une mangrove est reconstituée avec de beaux palétuviers : des rhizophoras, qui possèdent des racines à pilotis, et un avicennia aux curieuses racines poussant du bas vers le haut pour permettre à la plante de respirer.
La serre des plantes utiles
En entrant dans cette serre, l’herboriste amateur découvre le pouvoir des plantes, que ce soit dans le domaine de la santé ou de l’alimentation. Ainsi, le Strophantus gratus, une plante lianescente, possède des feuilles ovales de couleur sombre. Elle est utilisée en médecine pour ses propriétés cardiotoniques. En levant la tête, on découvre le palmier de Floride, dont les fruits servent pour traiter les problèmes de prostate. Au pied, on trouve la fameuse pervenche de Madagascar, dont les feuilles sont utilisées pour la production d’un médicament anticancéreux. Non loin se dresse le camphrier, dont l’essence dégage les voix respiratoires et réchauffe les muscles endoloris des sportifs. Parmi les plantes buissonnantes figure le caféier, avec ses fruits semblables à des cerises. Une rizière miniature complète ce décor également agrémenté d’arbres fruitiers tropicaux. Cacaoyers, litchis et manguiers sont bien sûr taillés pour tenir dans la serre. Plus modeste, le papayer se sent à l’aise et produit quelques fruits, tout comme le...
bananier. Parmi les curiosités, on découvre le piment de la Jamaïque (Pimenta dioica) ou quatre épices, un arbre ainsi nommé parce que ses fruits et ses feuilles ont la saveur du gingembre, du poivre, du clou de girofle et de la muscade. La serre suivante accueille de nombreuses espèces épiphytes (plantes qui vivent sur d’autres végétaux qu’elles utilisent comme supports sans les parasiter). C’est ainsi que l’on peut admirer le Platycerium alcicorne, une belle fougère épiphyte aux feuilles plates et ramifiées qui lui valent le nom de corne de cerf, ou d’élan. Accentuant l’ambiance de sous-bois, les « filles de l’air » ou « barbes de vieillard » (Tillandsia usneoides) suspendues aux branches absorbent l’humidité comme un buvard. Parmi les orchidées, on aperçoit la vanille. « Elle est pollinisée par nos soins, précise Marc Rémy, et nous donne de belles gousses ! »
La taille des fougères arborescentes a de quoi surprendre. C’est ainsi le cas des philodendrons Monstera, avec leurs feuilles qui peuvent atteindre un mètre de diamètre. En franchissant un petit pont, on entre dans le domaine surprenant des plantes myrmécophiles, c’est-à-dire qui vivent en symbiose avec les fourmis. Ainsi, en Guyane, le tronc du Cecropia offre le gîte aux fourmis. En échange, celles-ci défendent l’arbre contre les herbivores.
La serre des régions arides
C’est ici que sont exposés, parmi un chaos rocheux que l’on traverse en empruntant une allée, des végétaux qui ont su s’adapter à des conditions de vie extrêmes : sécheresse, grandes variations de température, que ce soit sur le continent américain, africain ou à Madagascar. Pour survivre, de nombreuses plantes de familles variées possèdent de grosses tiges remplies d’eau (pachycaules) ou des caudex, gros renflements à la base des feuilles, comme chez les lithops ou plantes-cailloux. « Nous avons mis l’accent sur la convergence évolutive des plantes », explique Marc Rémy. « Autrement dit, la faculté de plantes d’espèces différentes, mais vivant dans des conditions identiques, à adopter une morphologie similaire, que ce soit au niveau de leurs feuilles, de leur tige ou du tronc. On peut mettre ainsi en parallèle les cactus candélabres et les cactus raquettes d’Amérique avec les grandes euphorbes des zones arides. Ces familles, très éloignées par l’évolution et la géographie, se ressemblent pourtant tellement qu’on pourrait les confondre. » Autre voyage, autre ambiance dans la serre dédiée aux plantes endémiques des îles Mascareignes. La singulière silhouette du palmier bouteille originaire de l’île Maurice côtoie celle du latanier. Restons dans l’Océan Indien avec le bois de senteur ou bois blanc (Ruizia cordata), originaire de La Réunion, qui a bien failli disparaître. Autre plante sur la liste rouge des espèces en danger (il n’en existe qu’un spécimen adulte dans la nature), le palmier Saribus jeanneneyi, originaire de Nouvelle-Calédonie. C’est ainsi que le jardin Jean-Marie Pelt s’engage pour la préservation des espèces menacées.
Dans le parc au fil des saisons
Le jardin botanique Jean-Marie Pelt est un des plus importants jardins botaniques de France, avec plus de 12 000 espèces réparties sur 35 hectares, et une vingtaine de collections thématiques à découvrir au fil des saisons. Plantes de montagne, tour du monde des forêts tempérées, découverte des plantes médicinales… De nombreuses animations et visites ont lieu toute l’année. Expositions, conférences, cours de botanique, de dessin et de jardinage, manifestations grand public, ateliers pour les enfants, etc., font de ce lieu un jardin en prise avec nos préoccupations.
1. Le câprier épineux, Capparis spinosa
Arbrisseau méditerranéen de la famille des Capparaceae. L’écorce des racines est utilisée dans la pharmacopée traditionnelle comme analgésique dans les infections gastro-intestinales. Les boutons de fleurs sont utilisés comme laxatifs et pour stimuler l’appétit. Les feuilles peuvent également soulager des piqûres d’insectes ou l’urticaire. La plante aurait aussi des propriétés antidiabétiques.
2. Le thé de Java, Orthosiphon aristatus
C’est une jolie plante aux fleurs blanches et bleues et aux grandes étamines, qui peut mesurer jusqu’à un mètre de haut. On utilise les feuilles comme drainant naturel et pour lutter contre les calculs rénaux ainsi que pour leurs propriétés antifongiques.
Infos pratiques
Adresse Conservatoire et Jardins Botaniques de Nancy, 100, rue du Jardin-Botanique 54600 Villers-lès-Nancy Tél. : 03 83 41 47 47 www.jardinbotaniquedenancy.eu
Comment y aller ? En train depuis la Gare de l’Est, compter deux heures, puis 40 minutes de bus. En voiture, compter 4 heures par l’autoroute A 4.
Visite des serres Du 1er novembre au 31 mars de 9 h 30 à 11 h 45 et de 13 h à 16 h 45. Gratuit le 1er dimanche du mois. Sinon, tarif plein : 5 e ; tarif réduit : 3 e sur présentation de justificatifs. accueilcjbn@grand-nancy.org
Où dormir ? Chambre d’hôtes à La Ferme (bio) du Montheu, située à Dommartin-sous- Amance, à 25 minutes en voiture de Nancy et de sa gare. À partir de 59 e pour deux personnes www.chambres-dhotes-fermedu- montheu.com Tél. : 03 83 31 17 37