Le Jardin botanique Paul Jovet
Entre terre et mer, un refuge pour la flore basque
Surplombant la mer, le jardin botanique littoral Paul Jovet offre une vue imprenable sur la baie de Saint-Jean-de-Luz. Ce n’est pourtant pas sur l’horizon bleuté que le regard se pose, mais sur les paysages variés qui servent d’abri aux espèces typiques du Pays basque.
Accroché à la falaise d’Archilua au nord de Saint-Jean-de-Luz, le jardin botanique littoral Paul Jovet doit sa luxuriance au climat doux et bien humide du Pays basque. Passé l’accueil, une large allée arbore d’étonnantes espèces exotiques appréciant cette météo à l’hygrométrie élevée tout au long de l’année. De fascinantes fougères arborescentes déploient leurs frondes aux côtés des grandes feuilles aux allures d’éventail de la plante à papier de riz, nommée ainsi en raison de sa moelle qui servait à la fabrication d’une variété de papier à usage décoratif. « Les plantes du monde entier s’adaptent facilement dans le Sud-Ouest », constate Fabienne Lissardy, conseillère en développement durable qui commente les visites.
Jardin des utiles
De l’autre côté de l’allée, un « jardin des utiles » a plein d’histoires à raconter. Notre guide est fière de nous parler du maïs grand roux basque, très répandu dans la région jusque dans les années 1960 avant l’arrivée des variétés hybrides. Autour des carrés de plantes aromatiques et médicinales, une haie de pays est composée d’espèces locales dont raffole la petite faune: la viorne, le poirier cordé et le prunellier, les fruits de ce dernier étant utilisés pour produire le patxaran, une liqueur basque. En écho au littoral qui constitue la toile de fond de ce jardin, une collection d’essences feuillues et de conifères en pot évoque les grandes étapes de la construction navale traditionnelle locale. Car on n’emploie pas le même bois pour la charpente, faite en chêne pédonculé, que pour le mat, en sapin pectiné.
Ouvert au public en 2008, le jardin botanique de Saint-Jean-de-Luz a pour vocation première de préserver la flore du sud-ouest de la France. L’idée d’un tel conservatoire ne date pas d’hier... Dès 1934, Paul Jovet, botaniste au Muséum national d’histoire naturelle envoyé en mission dans le sud-ouest, déplore...
la disparition d’espèces, de biotopes et de paysages à la faveur du développement urbain. Mais il faudra attendre les années 1980 pour que son discours et ses recherches trouvent un écho auprès des acteurs de la région. Lorsqu’un projet de station d’épuration voit le jour sur la falaise d’Archilua, son association de naturalistes saisit l’occasion pour promouvoir l’idée d’un jardin botanique : pour faire accepter plus facilement aux habitants du quartier cette installation potentiellement nauséabonde, Paul Jovet suggère de l’enterrer et de la recouvrir de plantations. Le projet démarre vraiment dans les années 1990 et aboutit au fil des ans à un jardin botanique de deux hectares et demi. C’est en 1991 que le site prendra le nom de Paul Jovet, en hommage au botaniste décédé.
Dune blanche ou dune grise ?
Une dizaine d’écosystèmes différents ont petit à petit pris place sur cette falaise. Dans la chênaie atlantique règne le chêne pédonculé assisté du frêne élevé, du châtaignier et du néflier ; dans le sous-bois poussent le tamier, appelé aussi « herbe aux femmes battues » – on l’utilisait pour soigner les ecchymoses –, et la ronce, considérée au Pays basque et ailleurs comme la « mère de la forêt ». « La ronce pousse en premier après une coupe rase et constitue une pépinière naturelle pour les chênes », explique Fabienne Lissardy. On apprend ensuite à distinguer la dune blanche de la dune grise. La première qui fait face à l’océan attire de rares espèces qui résistent au vent, au sel, au soleil et au mitraillage des grains de sable, à l’instar du liseron des dunes et du gourbet, une graminée fixatrice des sables. La seconde lui succède, vers l’intérieur des terres. Il s’y installe une végétation plus diversifiée : l’orpin brûlant, l’immortelle des dunes au parfum épicé, l’œillet des dunes à l’odeur délicate... Le jardin botanique héberge le relais méridional du Conservatoire botanique national Sud-Atlantique qui œuvre à la connaissance de la flore sauvage et des milieux naturels des régions Aquitaine et Poitou-Charentes. Malgré cette vocation de conservation, on ne protège pas les plantes à tout prix : « Si une plante est malade, on ne s’acharne pas pour la sauver, mais nous utilisons des purins pour la renforcer », précise notre guide. Seule la zone des semis est arrosée, et un paillage fourni par un élagueur est épandu sur les sols. Ce lieu est aussi le lieu d’échanges autour de l’écologie : des ateliers gratuits de compostage ainsi que de cuisine sauvage et d’aromathérapie sont organisés. Enfin, des séances de yoga sur les pelouses vous invitent à profiter du panorama exceptionnel sur la baie de Saint-Jean-de-Luz.
Le retour du grand roux basque
Le maïs grand roux basque, une variété locale typique, est référencé parmi les aliments du mouvement Slow Flood pour son intérêt tant culinaire que patrimonial. Diffusé à partir du XVIe siècle dans la région, il avait presque disparu. Dans les années 1990, un agriculteur a trouvé des semences dans un couvent du sud du Pays basque puis les a diffusées grâce à des échanges avec d’autres paysans. Il revient ainsi dans la cuisine basque pour la préparation de galettes appelées « talo », mais aussi de pains et de polentas.
1. Ajonc d’Europe (Ulex europaeus)
Cette plante rameuse et épineuse apprécie les sols acides et ensoleillés des landes de la côte atlantique. L’ajonc était utilisé en fourrage après avoir été broyé. Son inflorescence jaune est l’une des trente-huit fleurs de Bach : elle aide à combattre le désespoir profond. On la conseille donc aux personnes qui n’y croient plus et qui se retrouvent dans un pessimisme total.
2. Néflier (Mespilus germanica)
Caractéristique de la chênaie atlantique, le néflier apprécie les sols siliceux. Son fruit est comestible une fois les premières gelées passées. Le bois d’un grain fin et homogène est utilisé au Pays basque pour fabriquer le makila, un bâton de marche qui cache un pic à vocation défensive sous sa poignée.
Comment y aller
À partir de la gare ferroviaire de Saint-Jean-de-Luz : au rond- point de la gare, prendre la D810 en direction de Bayonne/ Biarritz sur 1,5 km environ. Au quatrième rond-point, prendre l’avenue de l’Océan, sur la gauche. Au bout de cette avenue, vous tomberez sur la rue Gaëtan de Bernoville, où se trouve le jardin.
À pied, le chemin du sentier du littoral relie le centre-ville de Saint-Jean-de-Luz au jardin (20 minutes de marche environ).
Renseignements
Lejardin est ouvert du 26 mars à fin octobre les mercredi, samedi et dimanche (tous les jours en juillet-août). Visites libres ou guidées. Tél.: 05 59 26 34 59. Site : http://jardinbotanique- saintjeandeluz.fr Pour les stages : www.facebook.com/Jardinbotaniquesaintjeandeluz
Hébergement Entre le jardin botanique et la plage de la grande baie, l’hôtel des Goélands suit une démarche écologique et propose des chambres doubles à partir de 89 €. Tél.:0559261005, Site : www.hotel-lesgoelands.com