La Bambouseraie d’Anduze : L’Orient dans les Cévennes
Entre Saint-Jean-du-Gard et Anduze, un vaste domaine invite à un voyage asiatique : bambous géants, palmiers de Chine, village laotien, vallon du Dragon, jardin zen, mais aussi arbres remarquables et plusieurs serres centenaires.
Le domaine de Prafrance, plus connu sous le nom de Bambouseraie d’Anduze, est dédié à la découverte des bambous. Pourtant le visiteur, convié à un voyage asiatique, rencontre d’abord des séquoias d’Amérique. Immenses, ils forment l’allée principale du domaine. Vieux de plus de 150 ans, ils ont été plantés là par Eugène Mazel. Comme la plupart des jardins, la Bambouseraie est née de la passion d’un individu.
La passion d’un homme
Nous sommes en 1855 quand Eugène Mazel, féru de botanique, décide de mettre la fortune dont il vient d’hériter au service de sa passion, les végétaux exotiques. Son domaine est situé en terre cévenole, sur un sol riche mais au climat sec, aussi Mazel fait-il creuser un canal depuis le village de Mialet, en amont, et récupère l’eau du Gardon. Il peut ainsi irriguer les kilomètres de canaux qu’il fait construire dans le domaine. Les bambous verts de Chine sont les premiers qu’il plante, puis il met à profit le vaste réseau de correspondants de sa famille, qui faisait commerce d’épices, pour compléter sa collection exotique : des plantes d’ornements sous serres, notamment la plus belle collection d’azalées d’Inde jamais vues en France à l’époque; des arbres remarquables (érables du Japon, hêtre pleureur, ginkgo, magnolias, chênes bleu et pédonculé, palmiers de Chine). Et bien sûr de multiples variétés de bambous – on en compte près de 250 sur les 1200 variétés recensées dans le monde.
Le bambou, une graminée géante
Le bambou est une graminée qui s’étend grâce à ses rhizomes. Un bosquet bambou ne forme donc qu’une seule et même plante – c’est d’ailleurs ce réseau souterrain de rhizomes qui empêche la terre de se fendre lors des tremblements de terre. 90 % des bambous sont traçants. Pour limiter leur extension, les jardiniers de la Bambouseraie...
entourent chaque massif d’un fossé de 60 cm. L’une des premières espèces que croise le visiteur est Phyllostachys nigra. Résistant au froid et à la sécheresse, le bambou noir pousse en grosses touffes denses. Utilisées pour fabriquer les premières cannes à pêche, ses chaumes couleur ébène bordent le village laotien.
Cette reconstitution récente d’un village grandeur nature regroupe greniers à grain et maisons sur pilotis construits en bambou, avec basses-cours et potagers agrémentés de fleurs odoriférantes et de bananiers. Un bosquet de bambous bicolores, rares et prisés des collectionneurs, précède des bambous couleur de soufre (Phyllostachys sulfurea) utilisés pour de fabriquer des instruments de musique. Plus loin, Phyllostachys pubescens, prisé dans la cuisine, dépasse les 25 mètres et se colore de gris velours, de vert ou d’orange selon les intempéries. Après les bambous géants, l’allée des palmiers de Chine compte l’un des plus grand Magnolia grandiflora de France et débouche sur le Vallon du dragon.
Classée « Jardin remarquable » et inscrit à l’Inventaire supplémentaire des monuments historiques (notamment grâce à ses serres Napoléon III), la Bambouseraie est à la fois pédagogique et ludique – on peut jouer à se perdre dans le labyrinthe de bambous. Pour encore plus de dépaysement, on y accédera par le train à vapeur des Cévennes, qui relie Anduze à Saint-Jean- du-Gard. Au détour des allées de la Bambouseraie, on entend le sifflement de sa locomotive, qui crache son anachronique fumée blanche...
Les sens en éveil dans le Vallon du dragon
Le Vallon du dragon a été réalisé en 2000, l’année du dragon, par le paysagiste Erik Borja. Ses 15 000 m2 ont été aménagés selon les principes du Feng Shui et des jardins bouddhistes. Depuis le pavillon du Phoenix, on peut découvrir les touches colorées des érables du Japon, les conifères taillés en nuage, les bambous nains et les berges de pierres. Le lieu associe les éléments et une installation de métal, « Cloche », résonne de ses flux et reflux sonores. Les nuages se reflètent sur l’eau du Gardon au fond du vallon, portés par le vent qui bruisse dans la forêt de bambous alentour, véritable haie vivante qui invite à la méditation. Mais aussi au rire : l’idéogramme chinois figurant le bambou ressemble à celui du rire. Il symbolise la jeunesse perpétuelle, l’humilité et la modestie, tout comme la persévérance. Au Japon, avoir « l’esprit du bambou » c’est demeurer aussi flexible que le nécessitent les événements : il s’agit de composer avec l’adversité, quitte à faire le dos rond, pour triompher des épreuves.
Mangez des bambous !
Tous les bambous produisent des pousses comestibles mais certains sont plus recherchés, tel Phyllostachys pubescens. Très prisé en Chine et au Japon, où on l’appelle aussi moso, ses pousses sortent dès le mois d’avril. C’est la partie blanche et tendre qui se consomme, une fois bouillie. Riche en minéraux et en vitamines A, B1, B2 et C, il contient de la silice qui fait de lui un antipoison. Après la chute des gaines, le chaume du Ph. pubescens se couvre d’une pellicule poudreuse riche en hormone, utilisée pour activer la cicatrisation des plaies.
En pratique
Horaires
Ouvert tous les jours du 27 février au 15 novembre, dès 9 h 30. Fermeture à 18h en février-mars, 19 h de mars à septembre, 18 h en octobre, 17 h en novembre.
Renseignements
10,50 €, 4-11 ans : 6,50 €, famille : 33,60 €. Guides gratuits, audioguidage et livrets découverte pour les enfants. Lectures, concerts et conférences en été, voir sur www.bambouseraie.com La Bambouseraie, 552 rue de Montsauve, 30140 Générargues. Tél. : 04 66 61 70 47.
En train
La gare d’Alès est à 10 minutes (bus ou taxi). En voiture Quitter l’A9 à Nîmes direction Alès, puis suivre Anduze pendant 3 km sur la D129.
Hébergement
Le Mas des Cèdres (chambre d’hôtes), 190 chemin de la Corgne, 30140 Anduze, à partir de 70 € la nuit (petit-déjeuner inclus). Tél. : 04 66 56 60 08.