Arboretum de La Sédelle Fascination automnale
Pittoresque s’il en est, ce vallon d’une dizaine d’hectares où serpente la Sédelle, la « Grande Dame » de ce coin de Creuse, laisse exprimer toute la spontanéité d’une végétation bigarrée, mise en scène selon le concept de « Jardin en mouvement ». L’automne est la saison propice pour partir à la rencontre de cet écrin de nature chatoyant.
Quand la nature nous observe, et non l’inverse, le paysage prend une tout autre forme. L’arboretum de La Sédelle met en scène le concept du « Jardin en mouvement » (lire l’encadré ci-contre), pensé par le paysagiste et botaniste Gilles Clément dans les années 1970. Depuis 1987, son élève Philippe Wanty et sa femme Nell s’évertuent à sculpter cette vallée, après un travail de déblayage et d’agrandissement. Aujourd’hui, l’arboretum, classé « Jardin remarquable », laisse émerger cette rencontre spontanée entre la nature et l’homme. Au départ, les chemins n’existaient pas. Désormais, selon un principe de liberté et grâce à une intervention minimisée du jardinier, ce « paysage jardiné » évolue chaque année pour nous conter une belle histoire.
De surprenantes rencontres
L’observation est le fil conducteur de ce parcours où le promeneur ne s’ennuie jamais. Le jardin cache des espèces d’arbres telles que des cornouillers (Cornus), des érables (Acer) qui constituent un quart de la collection de l’arboretum, des chênes (Quercus), des viornes (Viburnum), des tilleuls (Tilia), des fusains (Euonymus), des copalmes (Liquidambar), des sumacs (Rhus) et des stewartias (Stewartia). La collection rassemble aujourd’hui pas moins de 370 taxons dont les créateurs ont aimé varier les tailles. Les petits cornouillers éclairent ainsi les fonds sombres de l’arboretum : à l’automne, Cornus mas et Cornus sanguinea offrent une profusion de baies rouges comestibles.
Au fil du parcours, les sentiers nous guident de surprise en surprise dans cette vallée lisse et arrondie où s’apprivoisent les bruyères et les genêts au sein de chemins plus étroits et ombragés, et où l’intimité règne sur un simple banc. Parfois, on se rapproche de la rivière, cernée de plantes sauvages comme...
l’osmonde royale (Osmunda regalis), l’orchidée (Orchis mascula), la salicaire (Lythrum salicaria), la chassebosse (Lysimachia vulgaris), l’iris des marais (Iris pseudacorus)… Non loin de là se cache un arbre mort, objet de fascination pour les petits comme pour les grands, qui s’émerveilleront tout autant devant cette mare aux mille reflets d’où émergent d’immenses cyprès chauves de Louisiane. On continue notre chemin sous le regard élancé des hêtres dont les hautes branches planent à près de 30 mètres vers le ciel… Vertigineux ! « Trente ans, ce n’est pas grand-chose pour un jardin », commente Philippe, qui veut anticiper l’avenir en s’appliquant à conserver au mieux le potentiel génétique des différentes espèces. Il observe beaucoup, apprend tous les jours et tente d’apprivoiser chaque espèce et ses comportements.
Inutile ici d’asservir une nature qui restera toujours une indomptable rebelle. À chaque saison sa couleur et sa floraison : en automne, la belle collection d’érables qui compte plus d’une centaine d’espèces illumine le jardin de ses couleurs flamboyantes, de ses pousses rose corail et de ses feuilles tantôt vert clair tantôt jaune doré, dont on ne sait qui des arbres ou de l’homme elles enchanteront le plus.
« Jardin en mouvement »
Dépasser l’esthétique pour comprendre l’évidence, celle des reliefs, des reflets de l’eau, l’agencement des pierres, pour saisir cette réalité qui relie les humains au monde sauvage. Voici une définition possible du « Jardin en mouvement », concept créé par Gilles Clément. Cet ingénieur horticole et paysagiste français est allé chercher son inspiration dans les friches, ces espaces laissés au libre développement des espèces qui s’y installent. La dynamique du jardin en mouvement est complexe et repose sur de multiples symbioses et interactions que le jardinier ne maîtrise pas. Exploité de manière sensible, sans aucun produit chimique, le jardin suit le mouvement naturel des végétaux. Cette approche, également utilisée dans certains parcs et jardins en ville (comme le jardin du musée du quai Branly à Paris, dessiné par Gilles Clément) permet de nous reconnecter à la nature.
La famille des érables
L’érable plane (Acer Platanoides), de la famille des Sapindacées, est fréquent dans les régions montagneuses d’Europe. Sa croissance est rapide et facile. Rustique, coloré, résistant et vigoureux, il a donné une douzaine de variétés colorées, dont certaines sont pourpres.
L’Érable à grandes feuilles, ou érable de l’Oregon (Acer macrophyllum), pousse en Amérique du Nord, au nordouest de la côte Pacifique. Il peut atteindre 30 mètres de haut et avoir des feuilles de 30 cm de large. Il est couvert de fleurs jaunes parfumées au printemps. En automne, ce géant disperse au vent ses grandes feuilles dorées. Il s’acclimate parfaitement bien en Europe, en particulier dans les régions où le climat est doux et humide.
Les érables à sirop. Aujourd’hui, ce sont essentiellement trois espèces d’érables qui produisent ce nectar : l’érable noir (Acer nigrum), l’érable à sucre (Acer saccharum) et l’érable rouge (Acer rubrum). Les acériculteurs (nom donné aux cultivateurs d’érables) le récoltent au moment où la sève monte dans l’arbre, soit à la fin de l’hiver ou au début du printemps. Le sirop est riche en minéraux et antioxydants. Il est particulièrement en manganèse, en zinc, en calcium, en potassium, en fer et en magnésium.
Comment y aller
En voiture
Prendre l’A71/E9 en direction de Vierzon. Suivre Châteauroux et prendre la D36 en direction d’Éguzon-Chantôme et Crozant. Traverser la ville d’Éguzon et entrer dans Villejoint.
Pratique
Le jardin est ouvert jusqu’au 30 octobre, le jeudi, vendredi, samedi et dimanche de 14 h à 18 h (visites guidées sur rendez-vous).
Tarifs Individuel
5 € ; visites guidées : 6 € ; scolaires : 4 €.
Type de visites
Visite libre ou guidée (env. 1 h 30). www.arboretumsedelle.com.
Hébergement
L’Hôtel-Restaurant du Lac (Saint-Plantaire) vous accueille dans un cadre magnifique à 6 km de l’arboretum. Chambres à partir de 60 €. Tél. : 05 55 89 81 96, www.hoteldulac-crozant.com.