Le jardin des Fontaines Pétrifiantes
Niché le long de l’Isère, ce jardin, façonné par la créativité de l’homme et d’une nature épatante, ne laissera pas le visiteur de marbre. Cet écrin aquatique est en perpétuel changement, sublimé par un tuf millénaire et quelque 800 espèces de plantes en tous genres amoureusement entretenues.
L’idée de départ est en soi originale: redonner vie à une friche industrielle de tuf de 7 000 m2... Et puis, optimiser l’espace en préservant son âme : l’architecte de cet ambitieux projet a ainsi choisi de tirer parti de l’une des spécificités de la région, des sources et des cascades à foison regorgeant d’une eau très calcaire et active. Enfin, la patte inventive des jardiniers a fait son œuvre, combinant nature et poésie pour sublimer ce lieu niché au pied du Vercors, entre Romans (Drôme) et Grenoble, dans le petit village de La Sône (Isère).
Pour vous y rendre, n’hésitez pas à être créatif, vous aussi: plutôt que de venir en voiture, embarquez sur un bateau à roues à aubes au village de Saint-Nazaire-en-Royans. Jusqu’au jardin, la mini-croisière dure une petite heure, le temps de découvrir un paysage étonnant, qui rappelle les bayoux du Mississippi, et quelques curiosités charmantes, entre rivière et rochers, comme les vertigineuses falaises du Vercors et les roches rouges de Royans. Mais surtout, elle permet d’arriver zen, à petits pas, dans un univers singulier où on vous invite à vous laisser surprendre : au détour des allées principales, des ères sont dédiées à la création ou à la contemplation, bercées par les caprices d’une eau omniprésente dans laquelle frétillent carpes et truites.
800 espèces du monde entier
Ouvert en 1994 après deux années de travail, le jardin a été structuré en utilisant les tufières, ces incroyables constructions naturelles formées par les eaux calcaires en provenance du plateau de Chambaran. Cela fait en effet mille ans que de mystérieuses sources agrémentent sur deux kilomètres le paysage le long de l’Isère. Elles donnent naissance au tuf, roche poreuse d’origine sédimentaire, d’où le nom de « Fontaines...
pétrifiantes ». Sans être un jardin botanique, le site abrite quelque 800 espèces venues de tous les continents : des annuelles (Dimorphotheca, Diascia, Nemesia...), des vivaces comme la fleur cigarette (Cuphea ignea) ou la rhubarbe géante (Gunnera manicata) et des arbres remarquables tels que le cyprès de Louisiane (Taxodium distichum), le tulipier de Virginie (Liriodendron tulipifera) ou le copalme d’Amérique (Liquidambar styraciflua).
En outre, si le lieu n’est pas dédié aux plantes médicinales, on en rencontre quelques espèces, chouchoutées par une jardinière qui anime des visites en été. Parmi elles, l’énigmatique mandragore (Mandragora officinarum), souvent pointée du doigt pour sa toxicité, mais utilisée en médecine traditionnelle depuis 4000 ans. Ce fut un anesthésiant prisé pour les soins dentaires, et on l’utilisa comme sérum de vérité pendant la Seconde Guerre mondiale. Ici, bien qu’âgée de 3 ans, elle reste très petite, et il faut venir au printemps ou en automne pour l’observer, car elle disparaît pendant la saison estivale.
Globalement, la pédagogie est toujours à l’honneur : parcours ludiques, sentier aquatique, chemin des parfums, parcours pieds nus et autres jeux sont proposés aux petits et aux grands. En outre, d’année en année, les responsables du jardin s’escriment à renouveler leur déclinaison poétique de la nature en offrant in situ, dans des lieux incongrus, des installations non moins incongrues : transat végétal ici, ballet de genêts à balais (Cytisus scoparius) par là, bulles transparentes telles d’immenses méduses surfant sur les vagues d’un bassin, armée de nichoirs à oiseaux plantés sur des échassiers évoquant des flamants roses... En 2016, c’est un nouvel espace dédié aux plantes carnivores qui accueillera le curieux, entre autres nouveautés. De quoi aiguiser un peu plus l’appétit des amoureux des plantes !
1. Ail violet (Tulbaghia violacea)
En Afrique, on a l’habitude de disposer cette plante tout autour des bâtiments. Car en dégageant une forte odeur d’ail, elle fait fuir les serpents. Sa fleur et sa tige peuvent être mangées, sans que leur goût d’ail n’affecte l’haleine. Raison pour laquelle on l’appelle « ail de société ». Plante très intéressante au jardin, qui fleurit de mai aux premières gelées, elle est rustique et résiste jusqu’à -25 °C sans entretien particulier.
2. Queue-de-lion (Leonotis leonurus)
Son nom provient de sa floraison qui ressemble au panache de la queue d’un lion. Les Zoulous utilisent ses feuilles et sa tige pour soulager les morsures d’araignée et de serpent. Ils fabriquent aussi un baume pour guérir les maladies qui frappent leur bétail. Aujourd’hui, on utilise ses fleurs en infusion contre la toux, le rhume, la grippe et la jaunisse. C’est une plante à floraison estivale, courte mais éclatante.
3. Le mimosa pudique, ou sensitive (Mimosa pudica)
Plante chatouilleuse, elle possède des feuilles qui se referment dès qu’on les effleure. Elle se protège ainsi des prédateurs et des intempéries. Un simple contact avec ses feuilles provoque une réaction soudaine et réversible. Elles ont en outre des vertus apaisantes. On les utilise par exemple comme calmant sur les gencives des enfants qui font leurs dents.
En pratique
Jardin des fontaines pétrifiantes, Impasse des Tufières. 38840 La Sône. Tél. : 04 76 64 43 42, www.jardin-des-fontaines.com
Horaires
Du 1er mai au 16 octobre. Mai: tlj de 11 h 30 à 18 h 30. En été: tlj de 10 h 30 à 19 h. Fermé le lundi en juin. Se renseigner pour septembre et octobre.
Tarif
9,20 € adultes, 5,40 € pour les 4-14 ans. Pass saison illimité: 18,40 €. En voiture Depuis l’A49, de Grenoble ou de Valence (env. 40 minutes), prendre la sortie Saint-Nazaire-en- Royans. Continuer par la D532. L’embarcadère se trouve à moins de 10 km du jardin.
Réservation
www.visites-nature-vercors. com/fr/bateau/decouvrez-notre-bateau
Hébergement
Hôtel du Musée de l’eau, dans le village de Pont-en-Royans. À partir de 57 € la chambre double. Tél. : 04 76 36 15 53, site : www.musee-eau.com