Le baume de Sébastopol
Pendant la guerre de Crimée, un maréchal-ferrant provençal se voit confier la recette d'un mystérieux baume. D'abord destiné à soigner les animaux, ce remède se révèle efficace pour les hommes, et convaincra même des célébrités comme Charlie Chaplin !
Ce baume aux huiles essentielles trouve son origine en 1855, au cours du siège de Sébastopol dont il gardera le nom. La guerre de Crimée fait rage et la ville ukrainienne est assiégée depuis des mois par les troupes alliées. Mathieu Bernard, maréchal-ferrant dans le civil et simple soldat dans les zouaves, sauve la vie d’un capitaine vétérinaire. Pour le remercier, ce dernier lui donne la formule d’un baume aux vertus « miraculeuses », utilisé par les Gitans, qu’il utilise pour soigner les chevaux de l’armée de Napoléon III.
De retour dans sa Provence natale, Mathieu Bernard reprend le marteau et l’enclume. Il n’a pas oublié la fameuse pommade et trouve aisément tous les ingrédients dans sa région : graisse végétale, cire d’abeille, huile de cade, huile essentielle de lavande et de pin sylvestre. Ses premiers essais sur les chevaux qu’il ferre donnent de très bons résultats : les blessures cicatrisent en quelques jours. Quand un de ses clients, atteint d’une plaie purulente, décide de l’essayer sur lui-même, il revient guéri un mois plus tard. Mathieu Bernard découvre alors au fil de ses expérimentations que, outre ses vertus cicatrisantes, le baume est également efficace contre l’eczéma, le psoriasis et les douleurs rhumatismales. Il en fait profiter ses amis et voisins sans autre contrepartie que quelques oeufs ou un lapin, offerts de temps en temps en remerciement d’une guérison. Le baume, préparé par sa femme et sa fille dans la cuisine de la maison familiale, est connu dans toute la région.
Ce n’est qu’en 1958 que Jean Raillon, petit-fils de Mathieu Bernard, décide de commercialiser le baume. Passionné par les plantes médicinales, il améliore la recette qu’il décline en plusieurs pommades, pour la peau, le corps, les jambes ou le cuir chevelu. Les pommades Raillon commencent dès lors à faire parler d’elles. Des personnalités comme Charlie Chaplin pour son eczéma, le chanteur Ivan Rebroff pour ses cordes vocales, Maurice Chevalier pour ses crampes intestinales, le cycliste Louison Bobet pour des foulures, sans oublier, John F. Kennedy qui souffrait de la colonne vertébrale, utilisent le baume de Sébastopol. Aujourd’hui, c’est le petit-fils de Jean Raillon, Jean-Christophe Mandrou, qui continue de fabriquer ces produits dans son petit laboratoire de la Côte d’Azur.
Les affections soulagées par le baume
Aujourd’hui, le baume de Sébastopol est décliné, à partir de la formule de base, sous forme de cures spécifiques contre : psoriasis, eczéma, rhumatisme, arthrite, asthme, sinusite, rhinite, arthrose, herpès, hémorroïdes... Les résultats sont moins spectaculaires dans le cas de maladies délicates comme, par exemple, les ulcères variqueux, et si le malade s’alimente mal, a une mauvaise hygiène de vie ou ne respecte pas correctement le mode d’emploi du baume.
Les baumes élaborés par Jean Raillon ont été adoptés par plusieurs médecins de renom. Le Dr Jean Valnet, grand maître de l’aromathérapie, mena sa propre étude. Sur 36 patients, il obtint 7 guérisons sur 10 pour les rhumatismes, 2 sur 3 pour l’eczéma, 7 sur 9 pour l’asthme et 12 sur 14 pour la sinusite. Il conclut : « Le bilan est tout à fait satisfaisant même si l’expérience a été menée sur un nombre restreint de personnes. » Le professeur, Giorgio Falchi, directeur de la clinique dermatologique universitaire de Pavie, expérimenta également la pommade sur des patients atteints d’eczéma, de psoriasis ou d’érythème, et se montra enthousiaste : « Nous devons conclure favorablement sur l’action thérapeutique de la pommade Raillon… son efficacité est notable et les tissus cutanés la tolèrent parfaitement. »
Article extrait de notre hors-série sur les Remèdes d'autrefois disponible ici.