L’épilobe régule la sphère urinaire
Je me souviens de ma première rencontre avec l’épilobe, alors que je randonnais sur le chemin des douaniers en Bretagne. En approchant d’un magnifique champ en fleurs, je pris ma décision : il fallait que je l’introduise au jardin ! C’est la flamboyance de cette plante, découverte plus tôt dans les oeuvres de l’herboriste Maria Treben, qui fut l’étincelle. Une explosion de mauve dans votre jardin, ça vous dit ?
Vous avez dit médicinal ?
L’épilobe est l’une des grandes plantes de l’appareil urinaire. Commençons par ces messieurs avec des indications qui nous viennent tout droit de Maria Treben, la fameuse herboriste autrichienne, auteure du populaire ouvrage La Santé à la pharmacie du Bon Dieu. Treben la recommande pour tout désordre de la prostate : inflammations, que l’on appelle aussi prostatites, infections et même cancer de la prostate. D’après Treben, grâce à l’épilobe, on peut éviter une opération. Si une intervention chirurgicale se révèle nécessaire, l’épilobe peut soulager les problèmes post-opératoires. C’est aussi une classique de l’hypertrophie bénigne de la prostate avec les problèmes urinaires qui lui sont associés : l’épilobe permet une vidange plus complète et plus efficace de la vessie.
Chez les femmes, l’épilobe s’utilise pour les problèmes de cystite. En effet, grâce à sa richesse en tanins, elle tonifie la muqueuse enflammée de la vessie. La plante, étant aussi diurétique, est en mesure de balayer tout pathogène qui aurait élu domicile à cet endroit. On peut la combiner avec d’autres plantes classiques anti-cystite comme la busserole ou la bruyère.
Pensez aussi à l’infusion d’épilobe pour les irritations et inflammations du pharynx et du larynx de type angine ou rhinopharyngite. Pour y remédier, la plante contient des mucilages qui recouvrent la muqueuse et la protègent tandis que les tanins resserrent la muqueuse enflammée.
Au jardin
L’épilobe est une vivace qui adore l’humidité. Dans la nature, vous la trouverez très souvent le long des cours d’eau ou aux abords des étangs. Plusieurs espèces sont utilisées en phytothérapie en fonction du pays et de la tradition : outre Epilobium angustifolium, aussi appelé « épilobe à feuilles étroites », très utilisé dans les pays anglophones, citons Epilobium parviflorum, l’espèce popularisée par Maria Treben. J’ai personnellement choisi E. angustifolium pour le jardin, car cette plante est de grande taille et magnifique lorsqu’elle est en fleurs.
Fragiles plantules
Elle est quasi introuvable en jardinerie. Vous pouvez la démarrer relativement facilement à partir de graines. Attention, elles sont minuscules et à manipuler avec soin. Préparez un...
bac avec du terreau fin spécial plantations que vous aurez bien mouillé. Tassez puis semez les graines en surface. Tassez à nouveau et ne recouvrez pas de terre. Gardez ensuite humide jusqu’à germination. Au départ, les plantules sont minuscules et le piège est de les transplanter trop vite, car elles seront alors fragiles. Attendez que vos épilobes mesurent environ dix centimètres. La plante a besoin de beaucoup d’eau. Idéalement, placez-la aux abords d’une mare ou d’un autre point d’eau. N’ayant pas cette option dans mon jardin, j’ai décidé de les placer sous des voiles d’ombrage afin d’éviter que les plantes ne souffrent trop du soleil. Je paille aussi abondamment avec des feuilles mortes. En saison chaude, je les arrose tous les jours.
Attention
L’épilobe se répand par stolons. Cela signifie qu’elle peut rapidement coloniser une zone du jardin. Je la garde personnellement dans un grand bac avec ma reine-des-prés et mes lycopes, qui apprécient un environnement riche et humide.
À l’atelier
Cocktail contre les mictions nocturnes
Si vous êtes un homme, que vous vous levez plusieurs fois par nuit à cause d’une hypertrophie bénigne de la prostate et que cela vous épuise, testez cette boisson : il est fort probable qu’elle vous soulagera. Constituée d’un mélange d’infusion, de décoction et de jus de fruits, elle va vous aider à rétablir le bon fonctionnement de votre appareil urinaire.
Ingrédients
• Feuilles sèches d’épilobe, récoltées au jardin ou achetées en herboristerie. Environ 50 g pour 10 jours de cure.
• Racines d’ortie dioïque. Autre grande classique des problèmes prostatiques, sa racine contient des phytostérols et des flavonoïdes permettant de réduire le résidu post-mictionnel (en d’autres termes, de vider la vessie d’une manière plus efficace). Environ 100 g pour 10 jours de cure.
• Une bouteille de jus de grenade (100 % pur jus). La grenade est un excellent astringent et tonifiant des canaux urinaires. Merci à l’ami lecteur de Plantes & Santé qui me l’a fait découvrir.
Préparation
1. Placez 20 g de racines d’ortie dans un litre d’eau froide. Faites chauffer tout doucement à couvert, puis faites frémir pendant 10 minutes.
2. Éteignez le gaz, soulevez le couvercle et placez 10 g de feuilles d’épilobe dans la décoction de racines d’ortie. Replacez le couvercle et laissez infuser 10 minutes.
3. Filtrez cette préparation et gardez-la au réfrigérateur (elle se conserve 48 heures).
4. Pendant la journée, buvez plusieurs verres (3 ou 4) constitués pour moitié du mélange ortie-épilobe, et pour moitié de jus de grenade. Ne buvez pas trop près du moment du coucher, sinon vous allez devoir vous lever pour éliminer ce liquide. Fiez-vous à votre expérience pour l’heure du dernier verre.
5. Suivez cette petite routine pendant une dizaine de jours et voyez si cela vous permet de réduire votre gymnastique nocturne ainsi que la taille des poches sous vos yeux au lever…
Ramasser et sécher
On peut récolter des feuilles d’épilobe tout au long de la saison productive, mais la période optimale pour une plus grande richesse en constituants est le début de la floraison. Il existe deux manières de procéder pour la récolte. La première consiste à couper les longues branches entières, à les suspendre en bouquet de 3 ou 4 et à les laisser sécher. Une fois sèches, les feuilles se détachent très facilement de la tige. La deuxième méthode consiste à couper la tige puis à détacher les feuilles tout de suite en « plumant » la tige avec votre main en tirant du haut de la tige vers le bas. Ensuite, vous pouvez mettre ces grandes feuilles à sécher à plat sur une grille.
Almanach d’octobre
Octobre est un mois de nettoyage au jardin.
Les annuelles sont montées en graines et ont laissé place à des tiges sèches. Les parties aériennes de nombreuses vivaces ont aussi séché sur pied. N’oubliez pas cette maxime de Lavoisier : « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. » Il en va de même pour les plantes. Une bonne terre est enrichie par le végétal mort de l’année précédente. Coupez ces parties aériennes et étalez-les sur votre terre en guise de paillage. Récupérez les graines qui pourront vous servir au printemps prochain. Classez-les soigneusement dans de petites enveloppes. Si votre région est humide, vous pouvez acheter de petits sachets de dessiccant que vous glisserez dans les enveloppes afin d’absorber l’humidité.
Une fois vos bacs et bandes taillés et propres, rajoutez du paillage si nécessaire sous forme de paille, feuilles mortes ou broyat végétal. L’objectif est de nourrir et protéger la terre contre les pluies directes et le vent, qui créent une érosion du sol. Les pluies de l’hiver ainsi que les vers, champignons et autres minuscules habitants se chargeront du travail de décomposition.
Faites au passage vos provisions de plantes médicinales pour les jours froids. C’est souvent en octobre que je récolte mes racines d’échinacée pâle pour mes teintures, mes racines d’aunée pour mes décoctions et toujours un peu de guimauve, indispensable pour les gorges irritées et les toux sèches. Et le peu de temps qu’il reste, passez-le à arpenter votre petit coin de jardin au repos et à faire des plans pour le printemps !