Plante médicinale Préférez le basilic sacré
Cette plante tant admirée en médecine ayurvédique débarque enfin chez nous. Jusqu’à maintenant, le basilic sacré ou tulsi nous taquinait à distance, plante exotique que nous ne parvenions à rencontrer que dans les anciens récits indous. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. On peut désormais en trouver des graines de bonne qualité. Et si vous n’avez pas la main verte, ne renoncez pas. Il est aussi facile à cultiver que le basilic culinaire, que ce soit sur le balcon ou au jardin !
Vous avez dit médicinal ?
Que le tulsi me pardonne de présenter en si peu de lignes toutes ses propriétés ! Parlons tout d’abord de ses qualités contre le stress chronique amenant un état que je qualifie de « brouillard mental ». Sous l’assaut constant de l’adrénaline et du cortisol, bringuebalé par les yoyos glycémiques qui s’ensuivent, le cerveau ne fonctionne plus clairement. Il « multitâche » d’une manière brouillonne et imprévisible. Le basilic sacré, pris en infusion de plante fraîche tous les jours pendant plusieurs semaines, a une action adaptogène. Il calme l’axe hypophyse-hypothalamus-surrénales et régule le taux de cortisol. Par ailleurs, le basilic sacré est une excellente plante de fond contre la rhinite allergique. Vous commencerez à boire l’infusion 2 à 3 semaines avant l’arrivée des premiers pollens. Comme le basilic culinaire, c’est une plante remarquable pour la régulation de la glycémie sanguine. Les études confirment cette propriété, que l’on soit à jeun ou que l’on vienne de manger. Il redonne à nos cellules une meilleure sensibilité à l’insuline. Je ne saurais trop vous conseiller une petite infusion concentrée juste après les repas. D’ailleurs, le tulsi réduit aussi les fermentations et calme les crampes intestinales. L’infusion est bien acceptée par les enfants.
À l’atelier
Les glaçons de tulsi
Feuilles et fleurs sont utilisées fraîches en infusion. Comme toute Lamiacée aromatique et fragile, le tulsi tolère mal le séchage. Sec, il se conserve pendant quelques mois tout au plus, perd vite ses propriétés et il est souvent décevant. Pour le conserver, vous pouvez préparer un macérat alcoolique de plante fraîche. Mais j’ai aussi une préparation plus rafraîchissante à vous proposer.
la recette suivante est adaptée au basilic mais elle fonctionne bien avec de nombreuses plantes à feuilles tendres afin de les garder fraîches le plus longtemps possible.
1. Enlevez les feuilles des branchettes, et placez une grosse poignée de feuilles dans un blender. Ajoutez assez d’eau pour pouvoir faire une bouillie (commencez par un petit verre).
2. Démarrez le blender à la vitesse la plus basse possible et mixez juste assez pour...
obtenir une bouillie. Versez la bouillie dans un ou plusieurs bacs à glaçons et placez-les au congélateur immédiatement.
3. Quand vous en aurez besoin, sortez un glaçon du bac et faites-le fondre dans une tasse couverte. Une fois le glaçon fondu, versez l’eau chaude afin de préparer une infusion traditionnelle. Laissez infuser à couvert pendant 10 minutes et dégustez. Vous pouvez aussi incorporer un glaçon dans un verre d’eau fraîche. Filtrez le liquide final s’il reste des morceaux.
4. Laissez libre cours à votre imagination. Vous pouvez ajouter un glaçon fondu à une sauce tomate, à un gratin d’aubergines, à un plat de fraises au sucre. Bref, le basilic sacré peut aussi être culinaire, tout en ajoutant une richesse gustative qui mérite l’expérimentation.
Attention Tout frais sorti du blender, le mélange est d’un beau vert foncé et tache facilement les vêtements. Portez un tablier pendant la préparation.
Au jardin
Annuel ou vivace ?
Je ne vais pas m’attarder sur le semis, car il faut procéder de la même façon que le basilic culinaire, c’est-à-dire au printemps, lorsque les risques de gelée sont écartés. Couvrez à peine les graines de terre. Tassez bien et gardez humide jusqu’à la germination. Pour la suite tout dépend si vous avez semé des graines de basilic sacré annuel (Ocimum sanctum) ou des graines de basilic vivace (O. gratissimum).
Un peu d’espace
L’annuel germe très facilement et produit une grande quantité de feuilles et de fleurs. Il est trapu, de forme compacte et demande un certain espace pour bien se développer. Ne laissez qu’un plant par pot. Pour la pleine terre, espacez vos plants de 30 cm. Il produit une grande quantité de fleurs et se ressème avec abondance.
Disponible toute l’année
Le vivace germe moins facilement. Il produit moins de feuilles et elles sont moins tendres. Il prend de la hauteur, mais reste plus étroit et longiligne. Gardez trois plants par pot, ou cultivez serré en pleine terre. Il est un peu moins aromatique, un peu plus amer. En revanche, il a un avantage non négligeable : il reste disponible douze mois sur douze.
Entretien
Les deux espèces ne sont guère exigeantes en eau. En revanche, gardez- les en plein soleil, dans une terre normale qui draine bien. Attention de ne pas trop les laisser à l’humidité. Attention aussi aux chenilles et aux pucerons. Si vous voulez retrouver votre basilic vivace l’année suivante, n’oubliez pas de le rentrer durant les mois les plus froids de l’hiver. Et gardez-le devant une fenêtre bien ensoleillée.
À chacun ses goûts
Le goût des plantes nous en dit beaucoup sur leurs propriétés. Voici ce qu’il en est des deux cousins Ocimum sanctum et Ocimum gratissimum. le basilic sacré est plus aromatique, plus épicé, légèrement poivré. Un peu à la manière d’un épice, il est plus énergétique, favorisant une meilleure circulation périphérique avec un léger effet fluidifiant sur le sang. En infusion chaude, il aura un effet réchauffant chez la personne ayant souvent froid aux extrémités. Le basilic vivace est plus amer et moins épicé. En plus de ses effets adaptogènes, il agit comme léger tonique des sécrétions gastriques et des muscles lisses, tout à fait indiqué chez la personne souffrant de digestion atonique. Il est aussi légèrement stimulant et protecteur du foie.
Almanach de juillet
Les papillons sont en plein essor. Pour dénicher les chenilles de mes pots, je les soulève et je regarde sous les feuilles. En faisant tourner le pot, j’arrive rapidement à les repérer afin de les enlever.
Les fourmis ont l’art de venir nicher près des nos chères plantes, afin de créer des colonies de pucerons. Répandez du marc de café au pied de vos plants, les fourmis n’apprécieront pas.
Nettoyez vos bacs de plantation pour les médicinales annuelles qui n’ont pas germé. Pour les vivaces, si les graines sont longues à germer, gardez vos bacs à l’ombre et humidifiez-les de temps en temps. Il se peut que certaines germent l’année d’après (c’est le cas de l’aubépine).
Si certaines médicinales ont déjà bien produit, rabattez-les à demi et incorporez une ou deux poignées de compost à leur pied afin de les relancer.
Coupez les vieilles pousses et les fleurs fanées, sans oublier qu’elles peuvent probablement finir en tisanes, selon la plante.
En cette période de forte croissance, vos potées apprécieront un arrosage enrichi d’engrais naturel et biologique, de type engrais liquide concentré aux algues. Arrosez tard le soir ou au petit matin.
Si vous avez des médicinales en pot, il faut parfois les déplacer durant les grosses chaleurs de juillet, en particulier si elles sont en plein soleil. Je déplace tous mes pots pendant les mois de juillet-août dans un endroit qui reçoit le soleil le matin et l’ombre l’après-midi.
Christophe Bernard, naturopathe herbaliste
À retrouver sur son blog altheaprovence.com