Bruyère : une résistante
Associée à des paysages brumeux et désertiques de landes, la bruyère pousse facilement dans les jardins. La décoction de ses fleurs est diurétique et donc très efficace en cas de rhumatismes et de goutte.
[Mis à jour le 16/08/2018] Le nom de la bruyère provient du gaulois tardif brucaria (champs de bruyères), lui-même dérivé de bruca (bruyère) remontant aux anciens Celtes pour qui c’était une plante magique favorable. Ses vertus pour casser la pierre, c’est-à-dire résorber les calculs rénaux, sont connues depuis plusieurs siècles : au XVIe, le docteur Matthioli (1501-1577) affirmait avoir connu des personnes s’étant soignées uniquement avec des tisanes de bruyère. Le docteur Cazin (1836-1891), médecin de campagne et phytothérapeute, prescrivait avec profit cette plante dans les cas de cystite, gravelle et albuminurie. Au début du XXe siècle, le docteur Henri Leclerc remit cette plante à l’honneur pour soigner quelques pathologies bien spécifiques des voies urinaires. Abondante, voire envahissante dans certaines zones de terre acide, la bruyère était utilisée pour couvrir les maisons et confectionner des balais. Bon combustible, elle alimentait les fours de boulanger et servait d’allume-feu pour les foyers familiaux. Le bois, aussi dur que celui du buis, est dense avec un grain très fin: on l’utilise pour la confection de pipes, manches de couteaux et objets de décoration, mais aussi pour des tuteurs de jardin et piquets de clôtures. Actuellement encore, les brandes de bruyère, qui prennent avec le temps une belle teinte naturelle grisée, sont très utilisées en tant que coupe-vent, ou mises à profit pour l’isolation phonique.
Astringente, antiseptique, diurétique…
La bruyère est utilisée avec profit pour augmenter le volume des urines et nettoyer le corps des déchets tels l’urée, l’acide oxalique, l’acide urique. Active pour éliminer les purines accumulées par l’organisme des gros mangeurs de viande, elle est particulièrement utile lors de cystite et autres infections urinaires, ainsi qu’en cas de rhumatismes et goutte. Pour ces usages, elle est utilisée traditionnellement en décoction : dans un litre d’eau, faire bouillir 3 minutes 50 g de bruyère. Laissez infuser 10 minutes avant de filtrer et boire au cours des 24 heures suivantes.
En usage externe, les fleurs, cuites dans un peu d’eau (récupérez celles d’une décoction) sont utilisées en cataplasmes pour soulager les articulations gonflées par un accès de goutte.
Conseils de culture
Ces plantes de zones humides sont faciles à cultiver car elles ne sont pas attaquées par les parasites et rarement malades. Profitez de leur floraison automnale et… hivernale.
Où ?
En pot ou au jardin, dans une terre à tendance acide : si ce n’est pas le cas, ajoutez du terreau de feuilles et/ou terre de bruyère (de la vraie) dans la zone où vous souhaitez installer ces plantes, qui ont des racines plus en surface qu’en profondeur. Si une situation à mi-ombre est la plus appréciée, les bruyères supportent aussi le plein soleil, sous réserve que ce ne soit pas devant un mur au sud ni en région méditerranéenne.
Quand ?
Plantez au printemps ou à l’automne. Si vous cultivez vos bruyères en pots, le rempotage aura lieu tous les deux ans, au printemps, après la floraison.
Comment ?
Taillez en raccourcissant d’un tiers, juste après la floraison (l’idéal étant en avril, que vos bruyères soient d’hiver ou d’été) afin de maintenir la plante dans une forme harmonieuse. De plus, une plante taillée à temps refleurit rapidement. Arrosez avec une eau non calcaire (eau de pluie), et ne laissez pas d’eau stagner dans la coupelle, sous le pot, car les racines finiraient par pourrir.
Des fleurs toute l’année
En choisissant plusieurs variétés, il est possible d’avoir des pieds de bruyère en fleurs quasiment toute l’année.
Dans cette très vaste famille, il existe des variétés pouvant atteindre 4 mètres de haut (Erica arborea Alpina), d’autres ne dépasseront pas 15 cm (Calluna vulgaris Foxii Nana) et ce dans une très large gamme de couleurs : fleurs blanches, roses, mauves, cerise, pourpres, saumon… des feuillages gris, bronze, vert clair ou foncé, pourpre, jaune (Calluna vulgaris Cottswood Gold).
Le tour de main de l’herboriste
Lotion astringente pour le visage
Ingrédients :
- 1 c. à soupe bombée de bruyère
- 200 ml d’eau
Préparation :
- Mettez les fleurs dans l’eau froide et amenez à ébullition.
- Laissez bouillir 2 minutes puis laissez infuser jusqu’à refroidissement.
- Filtrez.
- Utilisez matin et soir pour lotionner le visage (peaux normales à grasses manquant de fermeté).
Bain relaxant
Ingrédients :
- 3 poignées de bruyère
- 1 poignée de romarin
- 3 litres d’eau
Préparation :
- Procédez comme pour la lotion. Versez dans l’eau d’un petit bain.
- Barbotez 20 minutes. Ce bain détend les muscles endoloris, atténue courbatures et fatigue, soulage les douleurs rhumatismales.
- Renouvelez chaque fois que nécessaire.
Macérat huileux
Ingrédients :
- 100 g de bruyère
- 0,5 litre d’huile d’olive
Préparation :
- Laissez macérer pendant un mois au soleil (ou pendant une heure dans un bain-marie doux).
- Filtrez.
- Conservez ensuite dans une bouteille opaque, à l’abri de la lumière.
- Utilisez pour masser les douleurs articulaires et rhumatismales, ou tamponnez délicatement les zones acnéiques (non écorchées) et les dartres.