La mélisse : sa fraîcheur parle
La mélisse est une plante qui ne se laisse pas capturer facilement. Trop souvent on encapsule ses vieux restes, on ensache son fantôme. Voilà ce qui m’est venu à l’esprit un matin, en regardant un de mes plants qui semblait redonner quelques signes de vie. C’est un être vivant fragile et pourtant si on parvient à la transformer de la bonne manière, elle a beaucoup à donner. Je vous invite, donc à renouer avec la vraie nature de cette vieille amie. Nous allons voir que le meilleur produit se prépare à partir d’une mélisse vigoureuse qui nous attend au jardin. Christophe Bernard, naturopathe herbaliste
Pourquoi l’avoir au jardin
La mélisse a des indications multiples, mais une de ses propriétés m’a étonné à de multiples reprises. La mélisse fraîche en teinture combat l’anxiété d’une manière assez surprenante, chez les forts comme chez les frêles. Je l’ai vu fonctionner sur de gros gabarits, des hommes de forte corpulence, taillés dans le roc. Des gens pour lesquels je me disais « la gracieuse mélisse n’arrivera pas à les atteindre ».
C’était la sous-estimer. Elle est particulièrement indiquée à ceux qui n’aiment pas la sensation d’être un peu groggy que donnent certaines plantes comme la valériane. La mélisse calme sans créer de sédation. Elle s’associe très bien à la passiflore pour les cas d’anxiété rebelle.
La mélisse est aussi très efficace pour stopper net une crise d’herpès buccal. Dès que la zone commence à démanger, mélangez 1 goutte d’huile essentielle de mélisse dans 5 gouttes d’huile végétale et appliquez sur le point en question plusieurs fois par jour. En parallèle, buvez des infusions de mélisse fraîche ou récemment séchée plusieurs fois par jour. Alors, si dans le passé la mélisse sèche vous a déçu, donnez-lui une seconde chance. Essayez-la fraîche ou quasi fraîche au meilleur de sa forme !
À l’atelier
La macération alcoolique de mélisse
Melissa officinalis contient une toute petite fraction d’huiles essentielles, environ 0,03 % de sa masse sèche (à comparer aux 0,3 % de la menthe). Pour cette raison la plante tolère très mal le séchage. Nous allons donc nous concentrer sur les préparations qui lui garantissent un maximum de fraîcheur.
Certes, l’infusion de feuilles fraîches reste l’une des meilleures façons d’extraire les propriétés de la mélisse, cela va sans dire ! Couvrez bien la tasse pendant que la plante infuse. Mais comment faire perdurer cette fraîcheur dans le temps ? Simplement au moyen d’une macération alcoolique (teinture) de plante fraîche. En principe, il nous faudrait de l’alcool pur (à 96°) car la mélisse fraîche est riche en eau. Nous allons contourner cette limitation avec la méthode suivante, que j’ai baptisée « macération de plante quasi fraîche ».
1. Ramassez...
vos branchettes de mélisse le matin, une fois que la rosée matinale s’est évaporée, mais avant que le soleil ne chauffe trop. En effet, les huiles essentielles prennent leur envol à la chaleur.
2. Séparez les feuilles des tiges. Cela sera un peu long, mais vous facilitera la tâche plus tard, car la masse de plante sera beaucoup plus compacte que si vous laissez les tiges, et l’alcool la couvrira mieux.
3. Étalez les feuilles sur une clayette ou un drap, à l’ombre dans une pièce aérée, et laissez-les perdre une partie de leur eau. Remuez-les délicatement tous les jours afin de vérifier leur état. Attendez que les feuilles soient flétries mais pas complètement sèches. Les huiles essentielles seront toujours là. Pesez alors vos feuilles.
4. Placez les feuilles dans un bocal. Pour chaque gramme de plante, versez 5 ml d’alcool à 45°, sous forme de vodka, de rhum ou de marc. Pour 100 g de feuilles, nous versons donc 500 ml d’alcool. Si l’alcool ne recouvre pas totalement la masse de feuilles, placez un galet plat et propre sur les feuilles pour les lester (le galet trempera dans l’alcool, ce n’est pas gênant). Au bout de 3 à 4 jours seulement vous pouvez filtrer et stocker dans un flacon teinté.
L’astuce qui fait la différence
Si vous avez l’habitude de fabriquer vos propres teintures, voici une information qui va peut-être vous surprendre. Une macération alcoolique requiert en général deux semaines avant d’être filtrée. Pour la mélisse, je procède différemment. Les huiles essentielles sont extraites très rapidement dans l’alcool. Puis viennent les autres composants – les tannins et les composants amers en particulier. Plus on attend et plus les composants tanniques et amers viennent « durcir » la teinture. Une macération de seulement 3 ou 4 jours possède une douceur et une subtilité que je ne retrouve pas si j’attends les 2 semaines requises, sans affecter ses propriétés. Vous aussi, essayez !
Almanach de mai
Les aromatiques vivaces (thym, romarin, sarriette, sauge) peuvent encore être taillées. Enlevez les vieux bois et rabattez les plants qui ont tendance à végéter. Si vos aromatiques ont plus de 3 ou 4 ans, divisez la motte afin de relancer la croissance. À l’aide d’une bêche, déterrez la plante et tranchez la motte en 3 ou 4 parties et replantez les divisions, l’hysope apprécie cette opération.
Nous approchons de la fin de la période de semis, sauf pour les plantes médicinales des régions désertiques qui demandent un sol chaud (et sableux). Je pense en particulier à la sauge blanche (Salvia apiana), très recherchée pour purifier les lieux.
Si vous avez toujours des plantes en godet, commencez à les transférer en pleine terre. N’oubliez pas de vous renseigner auparavant sur le type de sol, l’exposition et l’arrosage demandé – ces trois points sont primordiaux pour faire des bons groupements de plantes.
Surveillez l’arrivée des pucerons, en particulier si le temps est humide et chaud. Il existe de nombreuses solutions naturelles sur le marché. En ce qui me concerne, je pulvérise avec du purin d’ortie. Il s’achète ou se fabrique très facilement. Nous aurons l’occasion d’en reparler.
Les « mauvaises herbes » sont en pleine croissance. N’attendez pas qu’il soit trop tard et sarclez régulièrement entre vos médicinales, en vous assurant de ne pas abîmer les masses racinaires.
Au jardin : cultivons la sérénité
Au jardin comme au balcon, c’est l’une des médicinales les plus faciles à cultiver. Peu exigeante, cette vivace très résistante acceptera l’ombre et un coin humide même si elle se plaît mieux au soleil et sur un sol riche, humide et bien drainé.
À savoir : En ce qui concerne la germination, il y a deux facteurs que la plupart des jardiniers amateurs oublient trop souvent. La graine germe mieux si: – elle est exposée à la lumière ; – elle est exposée à une période de froid.
Quand et comment la semer : Je vous conseille donc de la semer en extérieur à la sortie de l’hiver, si possible à un moment où les nuits sont encore un peu fraîches. Tassez bien la terre, semez les graines en surface, puis tassez une seconde fois : cette étape est extrêmement importante afin de fixer la graine en place. Ne recouvrez pas les graines de terre. Gardez humide à l’aide d’un vaporisateur. N’arrosez jamais avec un arrosoir, vous délogeriez les graines.
Germination : Les graines sont relativement longues à germer, elles pourront prendre entre 10 et 40 jours pour sortir. Soyez patient.
Repiquage : Une fois la plantule mature, placez-la en terre ou dans un grand pot au balcon, dans une terre qui draine bien (ajoutez un peu de sable si nécessaire). Elle apprécie en général le plein soleil. Arrosez-la régulièrement.
Entretien : C’est une plante qui produit une grande quantité de feuilles. Rabattez-la souvent si vous en consommez une grande quantité, elle repartira de plus belle. Auquel cas, donnez- lui un peu de compost ou de fumure, elle en aura besoin pour ses croissances multiples.