La consoude, charpentier du corps
Avez-vous des maladroits à la maison, des têtes en l’air qui se donnent des coups de marteau sur les doigts, des imprudents qui dégringolent de l’échelle ? Si c’est le cas, vous avez définitivement besoin d’un plant de consoude au jardin. Cette herbacée est la grande réparatrice de la charpente humaine. Christophe Bernard, naturopathe herbaliste, à retrouver sur son blog www.altheaprovence.com
Traumatisme osseux
La consoude, comme son nom l’indique, a la capacité de ressouder les fêlures et les cassures. Elle agit sur les os, le cartilage et, d’une manière générale, sur tout tissu abîmé, peau et muqueuses incluses. C’est sa richesse en allantoïne et en silice qui en font une telle reconstructrice. Ayez le réflexe consoude si vous avez reçu un choc aux os ou au cartilage. Mais attention, l’os doit être remis en place avant d’appliquer la plante ou il pourrait bien être ressoudé de travers. En cas de la présence d’un plâtre, on fera le maximum pour appliquer la consoude le plus près possible du traumatisme. Attention pour les plaies ouvertes et profondes : elle les referme rapidement, mais en surface. Si la plaie n’est pas résolue en profondeur, il y a risque d’abcès. J’ai fait moi-même cette erreur à la suite d’une grosse coupure au doigt.
En interne, la plante était jadis prise sous forme de teinture ou d’infusion afin de réparer toute ulcération des muqueuses digestives, ulcère gastrique en particulier. Aujourd’hui, on déconseille son utilisation en interne à cause de la présence d’alcaloïdes pyrrolizidiniques, des substances toxiques pour le foie. On s’en tiendra donc à des applications externes : teinture diluée dans de l’eau, infusion bien concentrée des feuilles sèches, huile infusée, onguent ou crème.
À l’atelier
Onguent de consoude
Un onguent est une préparation grasse faite à partir du macérat huileux de la plante et de cire d’abeille. Pour plus d’informations concernant le macérat huileux de consoude, rendez-vous sur www.altheaprovence.com. Vous pouvez également vous le procurer tout prêt.
1.Faire chauffer la quantité de macérat huileux conservation. Si vous utilisez des pots de 50 ml, cela fait 3 gouttes d’huile essentielle et 4 de vitamine E par pot. Mélanger à l’aide de baguettes et refermer immédiatement les pots. Les huiles essentielles les plus protectrices pour l’onguent sont celles de romarin (chémotype cinéole) ou de lavande vraie. désirée au bain-marie. Rajouter 12 grammes de cire pour chaque 100 ml de macérat. Faire fondre en remuant.
2.Verser le mélange encore chaud dans des pots en verre préalablement stérilisés. Ne pas les refermer tout de suite.
3.Une fois que l’onguent commence à prendre (un fin anneau de cire apparaît sur le bord du pot) et pour chaque 100 ml de...
macérat huileux de départ, rajouter 6 gouttes d’huiles essentielles et 8 gouttes de vitamine E.
Conserver l’onguent dans un endroit frais, sec et à l’abri de la lumière, jusqu’à deux ans s’il est accompagné de conservateurs. Il s’applique sur la zone traumatisée plusieurs fois par jour.
Au jardin
La plante est difficile à trouver en jardinerie. Mieux vaut la commander chez un pépiniériste qui connaît les médicinales. Achetez la vraie consoude officinale (Symphytum officinale) et pas la variété russe (Symphytum x uplandicum) qui contient beaucoup plus d’alcaloïdes problématiques pour le foie.
Les graines d’abord
Pour que la graine germe plus facilement, stratifiez-la à froid pendant trente jours avant de semer en plaçant la graine dans un peu de sable humide dans un sac au réfrigérateur. Puis semez dans un terreau et recouvrez d’une ne couche de terre. Tassez bien et gardez humide. La germination peut prendre entre quinze et trente jours. Une fois germée, gardez la plantule dans des pots individuels pendant au moins trois mois avant de la transplanter. En Provence, la consoude apprécie le soleil du matin et l’ombre l’après- midi. Il lui faut un sol riche et humide avec un bon drainage. Pensez à arroser régulièrement. Si ces conditions sont remplies, votre consoude vous donnera une profusion de feuilles.
Pailler les pieds
Au bout de quelques mois, les feuilles à la base de la plante commencent à dépérir. Afin de relancer une nouvelle croissance, vous pouvez la rabattre et utiliser les feuilles pour faire un paillage tout autour du pied. Attention, la plante devient vite envahissante. De plus, elle est quasiment impossible à éradiquer : il suffit d’un petit bout de racine pour qu’elle reparte la saison suivante. Afin de calmer ses ardeurs, vous pouvez la garder dans un gros pot (une quinzaine de litres) et placer celui-ci en terre, sachant que vous cueillerez alors plutôt les feuilles que les racines. La consoude est vivace. Rabattez-la avant les jours froids et n’oubliez pas d’incorporer en surface une bonne couche de compost au début du printemps suivant.
Récolte et séchage
La racine, médicinale, a l’avantage d’être très mucilagineuse. Fraîche, elle fait d’excellents cataplasmes car on peut la pilonner pour la transformer en bouillie. Mais pour la plupart des préparations, la feuille est plus facile à ramasser et tout aussi efficace. Les jeunes feuilles contiennent beaucoup d’alcaloïdes pyrrolizidiniques, les feuilles matures beaucoup moins. Cueillez les feuilles les plus grosses. Faites-les sécher entières ou coupées en morceaux (la feuille peut être très grosse) à plat sur une grille. Gardez-les ensuite dans de grands sacs en papier dans un endroit le plus sec possible. L’humidité les ferait noircir.
Teinture de consoude
Pour faire une teinture de consoude, coupez finement la feuille sèche et placez-la dans un bocal. Pour chaque 100 g de feuilles, rajoutez 500 ml d’alcool de fruits à 45° et laissez macérer deux semaines en remuant tous les jours. Lestez les feuilles à l’aide d’un galet si l’alcool ne les recouvre pas complètement. Cette teinture de feuilles diluée dans deux volumes d’eau fournit une excellente préparation à appliquer en compresse. La nature aqueuse et alcoolique de ce liquide assure une pénétration rapide au travers de la peau afin d’atteindre os et cartilage.
Almanach de février
Il est temps de choisir les médicinales à introduire au jardin ce printemps. Voici une liste indicative des plantes utiles et relativement faciles à cultiver.
Système digestif : camomille allemande pour crampes et ballonnements, camomille romaine comme tonique amère avant les repas, patience crépue pour les problèmes de constipation, aigremoine pour les diarrhées passagères.
Foie : bardane (doux) ou fumeterre (puissant) pour des cures dépuratives. Chardon-Marie pour la protection et la régénération du foie.
Système respiratoire : grande aunée et marrube pour les problèmes de bronche, guimauve pour adoucir les toux sèches et nerveuses, sauge et échinacée pour les problèmes de gorge. Pour les allergies : plantain lancéolé, ortie et romarin en cure longue.
Système nerveux : scutellaire américaine pour calmer le stress ponctuellement, mélisse contre les états anxieux, escholtzia et valériane pour le sommeil, millepertuis pour la déprime, basilic sacré et ashwaganda pour réguler le stress au long terme.
Système reproductif : gattilier pour stimuler la phase lutéale du cycle féminin, sauge et trèfle rouge pour la phase folliculaire. Armoise commune pour les aménorrhées, achillée millefeuille pour les dysménorrhées.
Peau, os et cartilage : souci, consoude et arnica – le trio gagnant pour la trousse à pharmacie familiale. Choisissez Arnica chamissonis plus facile à cultiver que Arnica montana.
Système immunitaire : échinacée pour les grands, sureau pour les plus jeunes.