La camomille romaine, une grande classique à revisiter
le voyage au pays des amères continue. Apres la gentiane, je vous parle ce mois-ci de la camomille romaine (Anthemis nobilis) qui, derrière son amertume, cache un parfum tres floral et pénétrant. Frottez-vous a elle au jardin et je vous garantis un grand moment de bonheur olfactif. De la digestion aux maux de tète, voici une visite guidée d’une grande classique de la pharmacopée française.
Des vertus mal exploitees
Une petite infusion de camomille après le repas ? Oubliez ce concept qui ne mettra aucunement en valeur les propriétés digestives de la plante. Le docteur Leclerc avait déjà soulevé cette erreur dans les années 1970 : « L’usage de faire de la camomille une boisson post-prandiale est un contresens diététique. » Que ce soit sous forme de teinture ou d’infusion, il faut prendre la plante dix minutes avant le repas. Sous forme d’infusion, quelques gorgées suffiront tant que l’amertume vous « fouette » les papilles gustatives. Il s’ensuivra un réveil de la bouche (salivation), de l’estomac, de l’intestin, du foie, de la vésicule biliaire et du pancréas. Comme la gentiane, la camomille romaine révèlera ses propriétés pour toute situation de paresse digestive devenue chronique. Donnez-lui plusieurs semaines pour remettre la machine en marche.
Parmi ses nombreuses...
autres propriétés, mentionnons celles intéressantes pour les tempéraments nerveux. La plante favorise des règles plus régulières et moins douloureuses chez la jeune fille nerveuse, de même pour les migraines de cette origine ou grippales. Le Dr Leclerc la porte également en grande estime pour soulager les névralgies faciales.
Au jardin
La camomille romaine est une vivace de port plutôt rampant, sauf au moment de la floraison, lorsque ses tiges florales se dressent vers le ciel. Vous pouvez vous en procurer deux types. Le premier est une espèce sauvage et reproductible. Le deuxième est un cultivar très populaire dans les jardineries, connu depuis le XVIIIe siècle et produisant de grosses fleurs blanches avec de nombreux rangs de pétales qui lui donnent une apparence de pompon blanc. Ce cultivar est stérile et se multiplie végétativement. Pour propager la plante, récupérez les graines de la variété sauvage (les jardineries n’en ont pas !) puis semez-les.
Semis
Semez les graines au tout début du printemps en bac de plantation. Elles sont petites et ont besoin d’exposition à la lumière pour germer. Humidifiez le terreau, semez, puis tassez bien sans recouvrir de terre. Éclaircissez ensuite pour ne garder que les plants les plus forts que vous pouvez passer en godet pour encore quelques semaines. Plantez-les dans une terre bien drainée et amendée en compost. On dit qu’elles adorent le plein soleil, mais dans les régions chaudes, préférez une exposition mi-ombre mi-soleil.
Entretien
La plante apprécie un arrosage fréquent en plein été. Chaque plant peut produire une grande quantité de fleurs. À l’automne, la camomille a une allure défraîchie avec des tiges soit étêtées (cueillette oblige) soit fanées. Rabattez-la vigoureusement et paillez-la en préparation pour l’hiver. Si le plant a quelques années, il bénéficiera d’une division de motte afin de relancer sa croissance au printemps.
Recolte
La camomille romaine peut être plantée en couvre-sol. D’aucuns la tondent afin de stimuler sa croissance, bien que ce ne soit pas la meilleure manière de récolter les fleurs. L’avantage en revanche : vous n’aurez jamais senti une tonte aussi aromatique !