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Le moringa, arbre de vie... et de développement durable ?

Plante

Déforestation, appauvrissement des sols, malnutrition, pauvreté... La nature offre parfois des outils inattendus pour faire face à ces fléaux. Le potentiel du Moringa oleifera, un arbre originaire d’Inde, suscite ainsi l’espoir d’associations qui, comme Nébéday au Sénégal, en encouragent la plantation.

Plante la vie : c’est le nom du projet mené par l’association sénégalaise Nébéday. Il consiste à planter à travers tout le pays un arbre singulier, le moringa. « Notre idée est née d’un constat : l’exploitation non durable des ressources naturelles, en particulier des arbres, explique Jean Goepp, un des fondateurs de l’association. 80 % du combustible ici est du charbon de bois et du bois de chauffe, et comme personne ne replante, on installe peu à peu des déserts et on assiste à une perte inquiétante des sols fertiles.»

Marango, mlonge, moonga, mulangay, ananambo, sajna, nébéday... Autant de noms pour désigner le Moringa oleifera, cet arbre originaire d’Inde mais présent dans le monde entier, où il a été de longue date acclimaté. Reconnu pour ses vertus médicinales et nutritives dans nombre de cultures anciennes et traditionnelles, le moringa est également célébré par la médecine ayurvédique qui attribue à ses feuilles des pouvoirs curatifs sur pas moins de trois cents maladies. L’arbre connaît aujourd’hui un énorme regain de notoriété dans les pays du Nord où il est en passe de devenir un nouveau super-aliment à la mode, mais surtout dans les pays du Sud où il est perçu comme une réponse polyvalente à certains problèmes de malnutrition, de pauvreté ou de désertification. C’est le cas en Afrique qui voit naître de nombreux projets associatifs, comme Plante la vie.

Reboiser et lutter  contre la malnutrition

Pourquoi le moringa plutôt qu’un autre arbre ? Parce qu’il est facile à planter (par semis, repiquage, boutures), adapté au milieu et qu’il peut se passer d’eau pendant plusieurs mois. Son nom sénégalais, Nébédaye, et son nom français, Néverdier, viendraient d’ailleurs de l’anglais « Never die » (« ne meurt jamais »). Sa croissance très rapide, de deux à trois mètres dès la première année, associée au fait qu’il est une source nutritive très intéressante, en a fait un candidat idéal pour divers projets agroécologiques de reboisement. Son intérêt vient aussi du fait que l’arbre est très fourni en feuilles à la fin de la saison sèche, lorsque d’autres sources alimentaires se font rares et que, comme ce fut le cas ces dernières années, les rendements céréaliers sont maigres.

Quant à la récolte de feuilles, elle est possible toutes les six semaines. « Quand un homme a cet arbre à côté de lui, il est sauvé», commente Jean Goepp, faisant référence à ces vertus nutritives. « L’arbre est connu localement car il entre dans les recettes des plats traditionnels. Mais les gens ne connaissent pas ses vertus médicinales ni nutritives, donc on communique sur le sujet et on les incite à en planter dans leur cour ou aux alentours de leur maison. On les forme aussi à la transformation, au séchage et à la conservation des feuilles. La pratique se diffuse bien car intégrer des feuilles ou des tubercules à l’alimentation est inscrit dans les traditions sénégalaises. Mais replanter, c’est très nouveau ici, c’est un changement de mentalité dans une culture où traditionnellement, Dieu donne les arbres et les personnes les coupent.»

Faire de l’environnement une ressource

Les actions de l’association sont d’ores et déjà un franc succès si on en juge par le nombre d’arbres plantés, soit déjà 8 000 en 2015 pour un objectif de 20 000 d’ici la fin de l’année. En récupérant des semences partout dans le pays, en les distribuant gratuitement dans les villages où il n’y en a pas, en formant les gens à sa culture, Nébéday espère développer toute une filière de valorisation de l’arbre, encourageant la consommation familiale, mais aussi la vente en vue de générer des revenus de complément. Le moringa trouve également sa place dans des projets d’agroforesterie autour des villages, associé à d’autres arbres fertilitaires, coupe-vent ou protégeant les cultures des animaux de bétail voraces. La filière de transformation et de commercialisation s’appuie sur une association de femmes appelée à devenir ambassadrice de la cause dans les communautés. «Le moringa commence à être connu à travers le Sénégal et nous avons déjà plusieurs points de vente, dont un supermarché à Dakar. Le réseau va s’étendre maintenant que nous avons créé une coopérative, inaugurée en mai », ajoute Jean Goepp.

Cet engouement fait écho à une demande mondiale en pleine expansion: «On reçoit de plus en plus de demandes d’exportation du monde entier, parfois par containers entiers, confirme l’agronome de profession. Mais ce qu’on ne veut pas, c’est que les bons produits partent là où il y a de l’argent et que nous n’en ayons plus sur place. On vendra les surplus, mais la priorité reste les populations locales.» Nébéday ne compte pas en rester là, et à mesure que les populations s’approprient le projet Plante la vie, elle investit sur d’autres manières de valoriser des filières locales écologiquement et économiquement viables. C’est par exemple le cas de ses projets autour du biocharbon, produit à partir d’une herbe invasive responsable des feux de brousse. Ou encore autour des produits dérivés du baobab, une ressource locale importante dont les bénéfices ont jusqu’à présent sur- tout profité aux intermédiaires ainsi qu’aux marques étrangères qui les commercialisent dans les pays du Nord.

Un couteau suisse végétal

Du moringa, il semble qu’on puisse tout faire,ou presque. On a en effet pu recenser une multitude d’usages pour cet arbre décidément polyvalent. Ce ne sont ainsi pas seulement ses feuilles qui peuvent être mangées, mais aussi ses fruits et ses graines, qu’on peut transformer en huile végétale. Celle-ci est utilisée en alimentation et de plus en plus en cosmétique. Les graines, une fois broyées, ont en outre une propriété remarquable, celle de purifier et de filtrer les eaux sales grâce à leur capacité de  floculation (phénomène d’agglomération en masses floconneuses). Le tourteau de graine  peut également être utilisé comme engrais, tandis que le purin de feuilles de moringa  s’avère fonctionner comme un biopesticide... Qui dit mieux ?

Les études valident ses nombreuses vertus

Vingt-cinq fois plus de fer que les épinards, 17 fois plus de calcium que le lait, 15  fois plus de potassium que les bananes, 10 fois plus de vitamine A que les carottes  et 4 fois plus de protéines que les œufs, telles sont les vertus nutritives des  feuilles de Moringa dont l’association Tree of Life vante les mérites pour lutter  contre la malnutrition. On comprend pourquoi ces feuilles ont trouvé leur place  dans des plats traditionnels aussi différents que le Noum Bâgn Chhôk cambodgien,  le Dambou nigérien ou des plats en sauce sénégalais. Une méta-analyse récente  des études cliniques existantes sur les feuilles de moringa met en évidence des  vertus antidiabétique, antidyslipidémique et antioxydante significatives. Les  études animales suggèrent quant à elles un potentiel hépatoprotecteur, anti-hypertenseur, immunomodulateur, chimio et radioprotecteur, neuroprotecteur  et cicatrisant... Aucune ne rapporte d’effets indésirables.

Source : Phytotherapy Research, mars 2015.

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