La scutellaire du lac Baïkal, puissante antioxydante et anti-inflammatoire
Plante des steppes arides, la scutellaire du Baïkal (scutellaria baicalensis) aussi appelée Huang Qin dans la médecine traditionnelle chinoise est une plante assez méconnue en Occident, à tort. Anti-inflammatoire, anti-âge, sédative, tonique mais aussi tranquilisante, antivirale et antibactérienne elle a tout pour devenir la nouvelle star des compléments alimentaires.
Vous n’avez jamais entendu parler de cette plante ? Ça pourrait changer... Pour commencer, c’est un basique de la médecine traditionnelle chinoise, connu et utilisé depuis des centaines d’années sous le nom de Huang Qin, pour ses remarquables propriétés anti-inflammatoires et régulatrices.
Pour autant, elle n’est pas complètement inconnue en Occident, où quelques marques de cosmétique l’incorporent dans certaines de leurs formulations pour ses effets embellissants sur la peau. Mais surtout, la recherche trouve maintenant à la scutellaire du lac Baïkal des propriétés puissantes face aux cancers, aux virus ou aux maladies inflammatoires et dégénératives.
Une plante des steppes arides convoitée par la médecine
Ces contrées encore sauvages et aux conditions climatiques souvent extrêmes dispensent à la botanique quelques spécimens remarquables. Vous en connaissez déjà certains, comme l’éleuthérocoque, la rhodiola ou le rooibos. La scutellaire du Baïkal ne se limite pas aux abords du célèbre lac sibérien. Elle déploie ses jolies fleurs dans presque toute la Russie, en Chine, en Mongolie, au Japon, en Corée, à l’état sauvage sur des talus herbeux et des terres arides jusqu’à 2000 m d’altitude.
Les vertus santé de la scutellaire connues par les Amérindiens
En fait, l’implantation du genre botanique Scutellaria, qui comprend près de trois cents espèces répertoriées, ne se limite pas à l’Asie du Sud-Est, mais déploie aussi des variétés en Europe et en Amérique du Nord, où Scutellaria lateriflora est, par exemple, exclusivement circonscrite aux États-Unis et au Canada.
Les Amérindiens avaient connaissance de ses propriétés calmantes, sédatives et toniques du système nerveux. Presque un adaptogène avant l’heure… Rien d’étonnant à ce que la balbutiante médecine de l’envahisseur blanc se soit approprié le secours de la précieuse plante, pour en tirer différentes préparations pharmaceutiques servant à retrouver le sommeil, calmer les crises d’hystérie, les convulsions épileptiques et quelques autres affections neurologiques.
Au cours du XIXe siècle, les opiacés ‒ dont le célèbre Laudanum ‒ ont rapidement pris le pas sur la scutellaire dans ce registre, bien aidés par un coût modique et l’immédiateté du soulagement qu’ils procuraient. Les benzodiazépines et autres molécules de synthèse achevant dès le début des années 1960 de la faire sombrer dans l’oubli…
Mais la médecine traditionnelle chinoise n’a jamais cessé d’y recourir, et son retour en grâce récent par la volonté des autorités chinoises dynamise les recherches tous azimuts sur les nombreux flavonoïdes que renferme sa racine.
Un anti-inflammatoire naturel prisé par la recherche
La majorité des recherches actuelles se concentrent sur les polyphénols contenus dans la racine de la scutellaire. Ils sont plus de trente, mais trois d’entre eux se distinguent pour leur puissante activité anti-inflammatoire : la baicaline, la baicaléine et la wogonine. Leur action conjointe limite fortement la prolifération d’agents inflammatoires.
Ces effets se perçoivent notamment sur le plan articulaire. La scutellaire du Baïkal soulage les arthrites et les arthroses, en particulier dans les hanches et les genoux, ce qui permet d’éviter l’usage trop intensif des antidouleurs classiques, aux effets secondaires cumulatifs dommageables. Mais le champ d’application est tellement vaste au fur et mesure des études réalisées que les nombreuses propriétés qui se font jour s’entrecroisent.
La wogonine, par exemple, a aussi démontré une action prometteuse sur le diabète : ce polyphénol puissamment antioxydant normalise l’hyperglycémie, stimule le cœur et protège le muscle cardiaque de la nécrose, souvent un corolaire du diabète et d’autres pathologies inflammatoires. La scutellaire s’est aussi montrée efficace dans le rééquilibrage des taux de « bon » et de « mauvais » cholestérol.
Anti-âge et protecteur du cerveau
La baicaléine, quant à elle, est toujours à l’étude pour ses propriétés anti-oxydantes, protectrices de la fonction synaptique, dont la défaillance serait notamment la cause des maladies dégénératives du cerveau comme Alzheimer. Des études sur la souris ont montré qu’une prise orale dans l’eau de boisson améliorait la plasticité synaptique (c’est-à-dire la propriété des neurones à modifier les connexions entre leurs terminaisons nerveuses) et réduisait du même coup les pertes de mémoire.
Cette puissance anti-oxydante est telle qu’elle laisse présager des développements futurs très prometteurs dans la lutte contre le vieillissement : une étude sur la mouche drosophile a montré que la prise d’un extrait de baicaléine entrainait un accroissement de la durée de vie moyenne de 20 à 25%, ainsi qu’un accroissement de la fertilité.
Un tranquillisant sans effets secondaires
C’est probablement son utilisation la plus connue et la plus éprouvée, aussi bien dans les traditions amérindiennes et chinoises qu’à l’ère moderne. Les propriétés calmantes, relaxantes et équilibrantes du système nerveux dont fait preuve Scutellaria baicalensis la désignent au premier chef pour remplacer les molécules chimiques couramment utilisées devant les troubles du sommeil, l’angoisse ou l’instabilité émotionnelle.
On gagne aussi à l’associer aux traitements classiques de troubles anxieux plus lourds, tout en les réduisant lorsque c’est possible, car ils ne sont pas sans effets sur la vigilance et sur l’intégrité cognitive à long terme. Au contraire, la scutellaire et ses extraits courants n’induisent aucune somnolence tout en stimulant les performances cognitives. Cela fait une grande différence quand on est obligé de recourir à ces « béquilles » pendant un certain temps…
Des vertus anti-cancer ?
Dans ce domaine aussi, les études se succèdent pour vérifier les propriétés de Scutellaria baicalensis, et elles ne se démentent pas. Dans toutes les lignées de cellules cancéreuses testées, la scutellaire inhibe fortement leur prolifération. Deux d’entre elles sont particulièrement sensibles : les cellules du cancer du sein et de la prostate.
Des recherches plus ciblées ont également mis en lumière l’efficacité de SB ̶ en soutien aux traitements classiques ̶ sur le glioblastome multiforme, qui représente à ce jour la tumeur primitive du cerveau la plus fréquente et la plus agressive. La plus assassine aussi, puisque le taux de survie reste l’un des plus faibles parmi tous les cancers. Les études se poursuivent sur les nombreux flavonoïdes de Scutellaria baicalensis, isolés, combinés entre eux et associés aux thérapies classiques.
Une plante aux propriétés antivirales et antibactériennes
Les propriétés antivirales et antibactériennes importantes de Scutellaria baicalensis ont également fait l’objet de recherches approfondies. La baicaline a ainsi été associée au binôme pénicilline/amoxicilline dans le traitement contre différentes souches résistantes du célèbre et redouté staphylocoque doré. Les souches résistantes à la pénicilline sont capables de produire une enzyme, la pénicillinase, qui rend l’antibiotique inopérant. On soupçonne la baicaline d’inhiber cette dernière, et donc d’aider à venir à bout du staphylocoque.
D’autres équipes ont travaillé sur le virus de la dengue, véhiculé par le moustique-tigre (Aedes albopictus). Longtemps cantonné aux zones tropicales d’Amérique centrale, d’Asie et des territoires français du Pacifique Sud (Polynésie, Nouvelle-Calédonie…) où il infecte plusieurs millions de personnes chaque année, les cas dits « d’importation » se multiplient dans l’hémisphère nord depuis quelques années.
Une importante étude conduite en Malaisie, à Kuala Lumpur, a permis de mettre en évidence l’effet inhibiteur de la baicaline sur le sérotype DENV-2 (l’une des cinq variantes du virus de la dengue) et sa duplication. Les virus de l’herpès ou de la varicelle font également l’objet d’investigations qui confirment le potentiel antiviral très prometteur des flavonoïdes de Scutellaria baicalensis.
Les mitochondries mieux protégées
Un nombre croissant de résultats de recherche semble indiquer que la dysfonction de l’activité mitochondriale serait une constante dans des pathologies aussi différentes en apparence que les maladies d’Alzheimer et de Parkinson, les cardiopathies, les cancers et autres troubles du métabolisme.
Les mitochondries sont considérées comme les « centrales énergétiques » des cellules. En bout de chaîne, ce sont elles qui convertissent l’énergie des molécules issues de la digestion (principalement le glucose) en énergie utilisable par la cellule. Mais les mitochondries joueraient aussi un rôle déterminant dans le cycle de vie des cellules, et notamment dans l’apoptose (le déterminisme de la mort cellulaire).
De nombreuses études scientifiques montrent aussi que la puissance antioxydante des polyphénols naturels est l’une des meilleures protections pour l’activité mitochondriale. Parmi ceux-ci, la baicaline et la baicaléine démontrent une habileté particulièrement intéressante pour atténuer les dégâts par stress oxydatif sur nos fameuses mitochondries.
La scutellaire, future star des compléments alimentaires
Les applications de la scutellaire sont encore loin d’être toutes connues. Des anciennes traditions amérindiennes, qui l’utilisaient aussi pour stimuler le cycle menstruel, soulager les douleurs des seins et faciliter l’expulsion du placenta, aux découvertes plus récentes qui permettraient même de lutter contre l’alopécie, le champ est vaste, comme vous pouvez le constater.
En attendant, la scutellaire du Baïkal fraye son chemin dans la grande famille des compléments alimentaires. La scutellaire du Baïkal porte, en définitive, merveilleusement bien son nom, faisant l’éloge par ses innombrables vertus de ce lac que les premiers habitants d’origine mongole considéraient comme une mer sacrée, et qui est aujourd’hui encore appelé « perle de la Sibérie ».
Carnet d'adresse :
- Si ce sont surtout les vertus calmantes, anxiolitiques et rééquilibrantes nerveuses de la plante qui vous intéressent, existe un complexe qui associe sa cousine américaine la Scutellaria lateriflora (aux propriétés similaires) à de la L-Théanine et de la laitance de hareng.
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