Hericium : le champignon de la mémoire
Très rare dans la nature où il pousse sur le chêne, le hêtre et l’érable, l’hericium erinaceus (ou hydne hérisson) est très employé dans la phytothérapie chinoise et la mycothérapie. Des recherches récentes montrent tout son potentiel pour la réparation nerveuse et la mémoire, le cancer et les gastrites.
Ce champignon, cité dans le « Compendium of materia medica » (Shen Norg Ben Cao Jin, ouvrage de la médecine chinoise) de la dynastie Han (200-100 av-JC), est recommandé dès cette époque pour soulager les maux d’estomac, comme reconstituant, pour retarder le vieillissement et conserver une bonne mémoire. Bien que comestible frais lorsqu’il est jeune, la médecine chinoise recommande de l’employer séché et de l’absorber sous forme d'extrait par infusion dans de l'eau chaude. Ses propriétés ont, depuis, été confirmées par les chercheurs. C’est ainsi que plusieurs études scientifiques ont identifié récemment dans ce champignon diverses substances très actives dont certaines auraient un potentiel thérapeutique très important.
L’hericium gardien du cerveau
Des dérivés phénoliques, appelés erinacines et héricénones, extraits du mycélium déclenchent chez l’homme la synthèse du N.G.F. ou Neuronal Growth Factor. Ce facteur de croissance est essentiel aux cellules nerveuses et rétiniennes. Le N.G.F. apparaît en effet de plus en plus comme le facteur de régénérescence des neurones, et en particulier des neurones de l’hippocampe, cette partie charnière du cerveau pour la mémorisation.
De ce point de vue, ce champignon a montré un potentiel très prometteur sur la prévention et l’accompagnement de la maladie d’Alzheimer. En effet, une étude contre placebo sur des patients atteints d’Alzheimer prenant ce champignon (à la dose de 250mg trois fois par jour) a montré son utilité dans la protection des capacités cognitives et de la mémoire. Le N.G.F. semble retarder aussi la dégénérescence rétinienne, principale cause de cécité dans les pays industrialisés et qui frappe près de 25 % des personnes de plus de 80 ans.
Prometteur contre certains cancers
A l’instar d’autres champignons médicinaux, l’hericium a également un certain intérêt dans les cas de cancers, notamment par ses effets immunomodulateurs. Bien qu’il ne soit à cet égard pas le plus performant des champignons utilisés en mycothérapie, certains de ses principes actifs ont présenté une activité anti-tumeurs intéressantes : tandis que cinq de ses polysaccharides montrent un intérêt contre le sarcome des tissus conjonctif (sur des souris), ses lectines se sont quant à elles avérées efficaces in vitro contre les cellules tumorales mammaires ou hépatiques. Les polysaccharides en question, dont on trouve nombre de déclinaisons dans différents champignons médicinaux, n’attaquent pas directement les cellules cancéreuses, mais produisent leurs effets anti-tumeurs en activant différentes réponses immunitaires dans l’organisme. Autre particularité des polysaccharides de l’hydne hérisson, elles ont un effet antioxydant sur la peau, en particulier en stimulant nos fibres de collagènes, dont elles sait qu’elles ont tendance à s’abimer avec l’avancée en âge. Cette propriété, peu encore exploitée dans le domaine de la cosmétique et de la médecine anti-âge, mériterait sans doute des recherches plus avancées.
L’ami de l'estomac
Dans ce champignon au léger goût de homard, cinq sortes de saponines différentes ont été identifiées (C1-C5) qui seraient efficaces dans le traitement des gastrites chroniques et ulcères de l’estomac ou des inflammations du tube digestif. Les gastrites chroniques étant souvent liés à la présence de la bactérie Helicobacter pylori, et l’hericium boostant spécifiquement une voie immunitaire (TH1) connue pour éradiquer cette bactérie, les chercheurs supputent une efficacité du champignon à la fois sur la muqueuse de l’estomac et sur la lutte contre Helicobater.
Un hérisson plein de promesses.
Le potentiel thérapeutique du champignon hericium est donc immense et on peut d’ores et déjà l’indiquer pour les affections telles que : perte de mémoire, digestion difficile, vertiges, tremblements, asthénie. On peut actuellement se le procurer sous forme de compléments alimentaires, en poudre ou en comprimés. En comprimés, il est recommandé d’en prendre 250 mg, trois fois par jour, matin, midi et soir, accompagnés d’un grand verre d’eau. En poudre, une ou deux cuillerées à café rases, selon les besoins, diluées dans un grand verre d’eau très chaude sont recommandées. Laissez infuser quelques minutes. On évitera toutefois la prise d’hericium erinaceus dans les pathologies où le N.G.F est déjà élevé ou dont l’élévation contribue à accentuer les symptômes, à l’instar de l’allergie chronique, de la fibromyalgie, des cystites interstitielles ou des ovaires polykystiques.