La joubarbe, garde du corps et de l’habitat
Efficace contre les brûlures, furoncles et cors la joubarbe possède des propriétés cicatrisantes et apaisantes. Elle s’adapte merveilleusement bien tant à la sécheresse qu’au froid et décore facilement vos parterres fleuris et vos toits.
C' est en l’air qu’il faut la chercher. La joubarbe vit sur les toits des hommes depuis des siècles. Elle préfère plutôt le chaume et les ardoises mais elle s’adapte à tous les revêtements et elle est même capable d’élire domicile sur la tôle. Loin de l’éradiquer, on a toujours favorisé sa présence car on lui attribuait le pouvoir d’éloigner la foudre. Son nom français viendrait du latin Jovisbarba: barbe de Jupiter, le dieu tonnant et foudroyant. Charlemagne, dans son capitulaire DeVillis, imposait même de la planter sur les toits.
Les premières mentions de la joubarbe des toits remontent à l’Antiquité. Théophraste la cite, Dioscoride la décrit, Pline en détaille l’utilisation au potager pour lutter contre les chenilles sur les choux, et, préventivement, par trempage des graines avant le semis. Durant des siècles, les joubarbes seront ensuite surtout cultivées comme plantes magiques protégeant de la foudre. C’est seulement au XVIIIesiècle qu’elles entrent dans la botanique officielle grâce à Linné qui a voulu fixer le nom de cette plante étrange qui devient SempervivumtectorumL.: l’immortelle des toits.
Sempervivum : qui ne meurt jamais
Immortelle, c’est bien le mot. Car cette plante est extrêmement résistante aux climats les plus extrêmes : jusqu’à moins 10 °C et quasiment sans eau. Elle est la plus grande de son espèce, avec des fleurs, visibles de juin à août et une tige rose clair. Seul un petit nombre de fleurs sont ouvertes simultanément par rapport au grand nombre de bourgeons. Ses feuilles sont ciliées sur les bords, contrairement à celles de la joubarbe des montagnes, couvertes de poils gluants sur les faces.
Cette plante protégée est considérée comme une plante grasse (famille des crassulacées) dont la stratégie de vie repose sur les réserves d’eau et de sucres emmagasinés dans les feuilles, sans doute liée à ses habitudes de vie, dans des milieux très secs, dans les fentes des rochers. Elle peut se multiplier végétativement au moyen de petites pousses sphériques en rosettes, en forme d’artichaut, lesquelles se détachent de la plante et s’implantent sans difficulté à l’endroit où elles tombent, quel que soit cet endroit.
Son suc est cicatrisant
L’utilisation médicinale de la joubarbe est, elle aussi, ancienne. En application locale, ses noms définissent parfaitement son usage : « herbes-aux-coupures », « herbes-aux-brûlures » ou « herbes-aux-cors », du fait des propriétés cicatrisantes, apaisantes et kératolytiques (réelles ou supposées) de l’abondant suc de ses feuilles, que l’on plaçait directement sur la blessure, la brûlure ou l’excroissance indésirable. En Bretagne, et sans doute ailleurs, elle était fréquemment utilisée pour soulager les otites en pressant le jus d’une feuille dans le conduit auditif… Toutefois, au vu des résultats, on ne retiendra pas cette utilisation.
Tant en usage médicinal qu’horticole, la joubarbe a de beaux jours devant elle, sur nos toits ou nos parterres fleuris, grâce à sa formidable adaptation à la sécheresse.