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Ginkgo, desmodium, eschscholzia, ginseng : ces plantes venues d'ailleurs qui nous veulent du bien

Ginkgo, desmodium, eschscholzia, ginseng : ces plantes venues d'ailleurs qui vous veulent du bien

On a bien souvent cru trouver la plante miracle, en provenance de contrées lointaines, dotée de propriétés exceptionnelles, qui guérirait nombre de maux. Si ces voyageuses régulièrement mises en vedette comme le ginkgo, le desmodium, l'eschscholzia ou le ginseng représentent parfois une mode éphémère, elles contribuent vraiment à nous remettre sur le chemin de la santé.

Qu’apportent donc les plantes dites exotiques à la phytothérapie ? En avons-nous vraiment besoin ? Beaucoup de professionnels le pensent. Car si certaines ont surfé sur des modes, disparaissant par la suite aux yeux du grand public, elles ont montré leurs avantages et restent utilisées quotidiennement. « Le clou de girofle est utilisé depuis des siècles. Son utilité ne se discute même pas. On ne peut pas s’en passer, c’est l’anesthésique le plus classique », s’exclame Françoise Thomas, docteur en médecine, spécialisée en phytothérapie.

Et les exemples ne manquent pas. La plupart des hypertenseurs sont exotiques : le café, le théier bien sûr, mais aussi la noix de kola, le cacaoyer, le maté et le guarana. Car leurs conditions environnementales sont à l’origine de leurs principes actifs, souvent plus riches du fait de conditions parfois extrêmes. « L’harpagophytum, provenant de Namibie, contient beaucoup d’iridoïdes, aux propriétés anti-inflammatoires très utiles contre l’arthrite, le mal de dos, etc. C’est une plante de zones sèches, qui est très difficile à cultiver en dehors de son biotope complexe », confirme Jean-Michel Morel, phytothérapeute.

Les plantes développent en effet des propriétés particulières de par les milieux dans lesquels elles vivent. « La France a beaucoup de biotopes, mais elle a peu de zones tropicale et arctique. Il est normal qu’il lui manque les plantes associées », reprend le phytothérapeute.

Le ginseng, par exemple, est adaptogène. Ces types de plantes favorisent l’adaptation du corps face au stress. En France, on n’a pas encore trouvé d’équivalent. Parmi les originaires de climat équatorial, le baume de benjoin, fabriqué à partir de Styrax benzoin qui provient de l’île de Sumatra, est un antispasmodique et antiseptique pulmonaire utilisé entre autres contre la bronchite. Une majorité de ces exotiques provient de climats tropicaux : « Le griffonia vient d’Afrique. Il sert de complément pour les syndromes dépressifs car il possède un précurseur de la sérotonine », explique Jean-Michel Morel. « Le bambou est très bon pour les problèmes de colonne vertébrale. De plus, il pousse vite et se renouvelle bien », poursuit Françoise Thomas.

Mais, évidemment, il convient de faire attention. Il y a toujours un facteur de nouveauté ou un coup de projecteur qui favorise telle ou telle plante. Avec parfois un effet d’exagération. À ses débuts, le marronnier d’Inde, devenu aujourd’hui un arbre courant dans nos parcs, était présenté comme suppléant du quinquina. Loin d’égaler ses vertus, il est cependant bien utile contre les hémorroïdes et les saignements. « Dans les années quatre-vingt, la vergerette du Canada était présentée comme la plante anti-inflammatoire. Finalement, elle n’a pas autant d’effet que ce qui était dit. C’est l’harpagophytum qui a pris la relève », analyse Jean-Michel Morel. Cette dernière plante reste encore sans concurrentes. Quelques tests sont menés actuellement autour de la scrofulaire noueuse (Scrophularia nodosa) qui posséderait le même principe actif, l’harpagoside.

Toutes les plantes exotiques ne sont pas indispensables. Certaines ont été favorisées par l’effet cumulé de la nouveauté et de l’exotisme mais peuvent être remplacées par des espèces locales. « Le soja est donné aux femmes pour les problèmes liés à la ménopause. L’achillée millefeuille possède cependant les mêmes effets », rappelle Françoise Thomas. L’hamamélis, arbuste du nord de l’Amérique, est conseillé pour les insuffisances veineuses. « Mais le fragon qui pousse dans nos forêts est un tonique veineux et un fluidifiant du sang. Il est tout aussi intéressant. De même la vigne rouge », termine cette praticienne.

En réalité, qu’il y ait plusieurs plantes pour un même symptôme n’est pas grave. Le tout est de vérifier laquelle il est préférable d’utiliser selon le symptôme du patient. Car les plantes dont l’usage a été réglementé sont aujourd’hui totalement intégrées dans les usages traditionnels. Les dernières arrivées en revanche, éprouvent plus de difficultés à se faire accepter.

Une liste a été établie par l’Agence européenne de médecine (EMEA) pour valider des plantes dont l’usage traditionnel et les effets se sont vus confirmés au bout de trente ans. Mais puisque les plantes qui arrivent aujourd’hui ne permettent pas d’avoir ce recul dans notre société, elles ne peuvent être inscrites sur cette liste. Dès lors, n’étant pas autorisées à la vente à des fins thérapeutiques, elles ne seront jamais en mesure d’intégrer les pratiques traditionnelles de soin. Le seul moyen reste de conduire des études prouvant leurs effets sur l’organisme. Face à ce cercle vicieux où tout repose sur la validation scientifique, les plantes empruntent d’autres circuits de vente où coexistent bons produits et grandes arnaques. Ce qui n’est pas sans risques car de telles dérives peuvent entraîner des conséquences sur la santé. 

Le ginkgo, toujours unique

Symbole du retour à la vie pour avoir survécu à la bombe atomique d’Hiroshima, le Ginkgo biloba est un cas à part. Il est unique dans la classification végétale, ce qui lui confère des principes particuliers. Il possède des ginkgolides et du bilobalide qui agissent sur le système nerveux, aidant le cerveau à résister à l’hypoxie et l’ischémie. Indiqué dans les déficits cérébraux, les pertes de mémoire, il faut néanmoins faire attention à son usage et surtout éviter certaines associations médicamenteuses pouvant être dangereuses. Une dose quotidienne maximale a même été fixée à 0,6 microgramme à cause de ses composés potentiellement allergisants.

Le desmodium, inégalé pour le foie

Les propriétés du Desmodium adscendens sont sans égales pour protéger le foie et traiter les hépatites virales A et B. Entre 1959 et 1963, le docteur Pierre Tubéry et sa femme observent ses propriétés hépato-protectrices alors qu’ils travaillent dans un dispensaire au Cameroun. De retour en France, ils vont mener avec d’autres scientifiques de la faculté des Sciences de Toulouse des recherches botaniques, phytochimiques, toxicologiques et pharmacologiques. En 1994, Olivier Heard, de la faculté de Pharmacie de Tours, réussit à expliquer le fonctionnement du desmodium. Malgré de nombreuses études et son utilisation courante, il n’est actuellement pas inscrit dans
notre pharmacopée.

Naturalisé en France, le pavot de Californie sert en phytothérapie pour soigner les insomnies et l’anxiété. Faire infuser 6 à 10 g pour 0,5 litre d’eau pendant 15 minutes. Boire trois fois par jour ou après le dîner en cas d’insomnie. Éviter de l’associer à l’alcool ou aux médicaments sédatifs.

Cultiver le ginseng ?

Victime de son succès, le ginseng chinois, Panax ginseng, presque exclusivement produit en Chine, est devenu plus rare. La France en importe plus de 100 tonnes par an, soit quatre fois plus qu’en 1988. Il est aujourd’hui interdit de cueillette en Chine. La culture peut être une solution, mais reste compliquée. L’entreprise France Ginseng tente ce qui avait jusqu’ici échoué : cultiver et produire cette plante qui a besoin de croître pendant cinq à six ans avant d’être récoltée. Philippe Brion, son directeur, explique : « Nous misons sur la synergie entre le photovoltaïque et le ginseng, qui a besoin d’ombre, afin d’être viable économiquement. » Il faudra encore attendre deux ou trois ans avant de voir leurs racines sur le marché.

 

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