«Il est dommage que les études sur l’humain n’aient pas débuté en France»
Cihan Toparslan est pharmacien, auteur d’une thèse de doctorat de pharmacie sur la nigelle en 2012.
P & S Où en sont les recherches sur la nigelle en France ?
Cihan Toparslan Comme toute étude pharmaceutique, on commence d’abord par les tests sur les animaux. Mais ce stade n’a toujours pas été dépassé. Les études sur la nigelle se réalisent principalement au sein des laboratoires universitaires, mais à ma connaissance, aucun laboratoire pharmaceutique en France n’étudie le sujet. Notre pays n’est pas en avance sur les recherches, et encore moins sur ce type d’études. Il est dommage que les études sur l’humain n’aient pas encore débuté en France, contrairement au Moyen-Orient, particulièrement en Turquie et en Iran, ainsi qu’au Canada...
. On s’apercevrait que l’utilisation de cette plante est incontournable. L’huile de nigelle possède un index thérapeutique très élevé, notamment grâce à l’un de ses principes actifs, la thymoquinone.
P & S La pharmacie s’intéresse davantage à la thymoquinone qu’à l’huile de nigelle ?
C. T. Elle s’intéresse en effet plus à l’utilisation de la thymoquinone pour une maladie donnée qu’à la plante entière. L’industrie pharmaceutique est une industrie de synthèse des molécules à partir d’autres molécules, ceci afn d’avoir une meilleure rentabilité de production avec une qualité irréprochable. Mais pour l’instant, il n’existe aucun médicament à base de thymoquinone du fait de l’absence de recherche.
P & S Comment la nigelle est-elle alors exploitée en pharmacie ?
C. T. Aujourd’hui, un seul type d’huile de nigelle existe sur le marché, c’est l’huile végétale obtenue par expression à froid des graines de nigelle. Il y a eu des expérimentations sur l’huile essentielle de nigelle, obtenue par distillation de l’huile végétale, dont plusieurs principes actifs comme la thymoquinone ont été mis en évidence, mais elle n’est pas produite. L’huile végétale peut être utilisée par voie orale ou locale, en fonction des symptômes à traiter. La dose usuelle est une cuillère à soupe par jour par voie orale.