Les végétaux de l’été contre le cancer
Un grand nombre de fruits et légumes possèdent d’excellentes propriétés anticancer. Même s’il n’est pas encore possible de définir un véritable « régime », il est établi que certains d’entre eux possèdent des vertus dans la prévention. L’été nous en propose en abondance.
Depuis quelques années, de nombreux travaux scientifiques sont menés sur la prévention du cancer par l’alimentation. Ainsi, plus de 250 études épidémiologiques montrent que les personnes qui ont une consommation élevée de fruits et légumes voient ce risque diminuer. Si ces recherches n’ont pas encore permis d’élucider tous les mécanismes d’action, et si elles ne permettent pas d’affirmer que l’on peut ainsi éviter ou guérir la maladie, elles ont révélé l’existence de plusieurs substances qui agissent à différents niveaux : les phytoconstituants.
En été, nombreux sont les fruits et légumes qui en contiennent. Mais tous ces nutriments n’agissent pas de la même façon. Il faut donc toujours privilégier la variété, sachant que certaines substances sont souvent communes aux grandes familles botaniques. Les composés anticancéreux peuvent être antioxydants et ainsi empêcher des dommages à l’ADN, aux lipides et aux protéines qui peuvent conduire à la cancérogenèse. C’est le cas, par exemple, d’un certain nombre de polyphénols. Les phytoconstituants peuvent aussi exercer une activité anti-inflammatoire qui empêche ainsi le développement de cancers sur un terrain inflammatoire chronique (au niveau du tube digestif, par exemple). Ils sont également capables d’éliminer les agents carcinogènes de l’organisme ou de bloquer leur action.
Les composés issus des plantes peuvent également réduire la prolifération des cellules cancéreuses ou induire la mort des cellules malignes : c’est l’apoptose. Ou bloquer le développement de vaisseaux censés alimenter la tumeur en éléments nutritifs nécessaires à sa croissance : c’est l’angiogenèse. Ils sont aussi capables d’empêcher ou de ralentir la formation de métastases.
Une peau bienveillante
Les légumes du soleil de la famille des Solanacées sont particulièrement intéressants. La tomate contient le fameux lycopène qui permettrait la prévention du cancer de la prostate et du sein, voire d’autres cancers. C’est un caroténoïde soluble dans l’huile : son absorption est du coup amplifiée quand la tomate est cuisinée à l’huile d’olive, comme en Italie où le taux de cancers de la prostate est plus faible qu’en France. Il est conseillé de consommer les tomates entières car elles contiennent également d’autres composés bénéfiques comme, par exemple, la lutéine et la persénone A. Redécouvrez le plaisir de déguster différentes variétés de tomates anciennes !
Dans la même famille, poivrons et piments méritent également notre attention. Leurs substances actives appartiennent aux capsaïcinoïdes (dont la célèbre capsaïcine), molécules donnant la saveur pimentée. Elles seraient particulièrement efficaces contre les cancers du sein, du côlon, de la vessie, du pancréas, du poumon et du foie. Il ne faut tout de même pas en abuser car on sait aussi que l’excès de piment peut conduire au développement de cancers gastriques.
On parle moins des nutriments présents dans l’aubergine : les glycoalcaloïdes. Pourtant, leur action complétée par celle des anthocyanes présents dans la peau ne manque pas d’efficacité. On ne prendra donc pas la peine d’éplucher ce légume. De la même façon, la peau du concombre – bio, bien évidemment – possède des vertus certaines grâce à ses fibres et à ses caroténoïdes. Le concombre est aussi un allié de choix pour prévenir l’apparition du cancer colorectal grâce à la présence de fisétine (qui permettrait d’induire la mort des cellules cancéreuses), mais aussi de pectines dans la chair.
Quant aux caroténoïdes, une étude a récemment fait l’objet d’une polémique, indiquant qu’ils pouvaient être nocifs, notamment en provoquant un cancer du poumon chez les fumeurs. Il n’en est rien dans le cadre d’une alimentation variée, l’étude ayant été basée sur des compléments alimentaires fortement dosés. Au contraire, on a retrouvé les caroténoïdes impliqués dans la prévention des cancers du poumon, du sein, du rein et du côlon. Vous inscrirez donc avantageusement à vos menus les blettes, épinards, petits pois, asperges, poivrons rouges et, bien sûr, carottes. Celles-ci contiennent non seulement du bêtacarotène mais aussi de l’alphacarotène dont les pouvoirs antioxydants se sont révélés dix fois plus puissants lors d’études in vitro.
Dans la famille des crucifères estivaux, privilégiez les salades vertes comme les feuilles de moutarde qui génèrent des isothiocyanates, ou la roquette qui contient de l’érucine, un composé soufré. Ce type de substance au spectre d’action large est très présent chez les Alliacées : ail des ours, ail nouveau (aussi appelé aillet), oignon nouveau et ciboulette. Ne nous en privons pas dans un assaisonnement à base d’huile de noix (riche en oméga 3) et d’huile d’olive (riche en oméga 9).
Autre verdure indispensable pour tenir à distance le cancer : les plantes aromatiques. Pensons d’abord aux Lamiacées (basilic, menthe, sauge, romarin, thym, etc.) mais aussi à des herbes comme la verveine odorante. Le persil, dont les huiles essentielles sont riches, notamment en terpènes bioactifs, contient une molécule anticancéreuse plus rare : l’apigénine. On la retrouve dans les branches et le bulbe du céleri, utile contre les cancers colorectal, de la prostate, du sein, de l’ovaire, du pancréas, du poumon.
La couleur des fruits
De leur côté, les fruits de l’été ne sont pas en reste. En tête, les fruits rouges (myrtille, cassis, mûre, fraise, framboise et autres baies sauvages) grâce à leur taux de polyphénols. Par exemple, dans le nord de la Finlande où l’on mange beaucoup de baies sauvages, l’incidence du cancer colorectal est jusqu’à deux fois moindre qu’au sud où la consommation est plus faible. Une récente étude a montré que la consommation quotidienne de 60 grammes de fraises a pu faire régresser des lésions précancéreuses. On retrouve également des polyphénols bénéfiques (anthocyanes et tanins) dans la famille des prunus. Les fruits orange (abricot, nectarine, pêche, melon) sont riches en caroténoïdes ; l’abricot, mais surtout la pastèque, contiennent du lycopène. N’oublions pas les courges d’été : le melon serait intéressant dans le cadre de la prévention du cancer du sein.
Enfin, polyphénols, polysaccharides et triterpènes se conjuguent pour donner à la figue un rôle anticancéreux important. Sa peau et son latex possèdent bon nombre de ces substances ! Ainsi, chaque légume, fruit ou herbe de notre alimentation estivale contient des composés aux structures chimiques différentes mais aux activités anticancéreuses variées et complémentaires.
À lire :
- « La prévention du cancer par l’alimentation », de Richard Béliveau et Denis Gringas. Éd. Solar.
- « Mon assiette anticancer », d’Alessandra Moro-Buronzo. Éd. de La Martinière.