Culture de médicinales au pied de l’Atlas
La région de Marrakech regorge de trésors méconnus. Loin de la foule et des touristes, voici deux lieux très différents qui permettent de renouer le contact avec la nature tout en découvrant les bienfaits de plantes méditerranéennes typiques.
A une heure à peine de Marrakech, au pied des hautes montagnes de l’Atlas, se niche la vallée verdoyante de l’Ourika. Un havre de fraîcheur dans un milieu aride. C’est là, à 840 mètres d’altitude, que vous découvrirez le jardin bioaromatique de l’Ourika. La société Nectarome y cultive une cinquantaine de plantes aromatiques et médicinales dont elle tire des huiles essentielles et végétales, des produits cosmétiques, etc. Dans ce site, également dédié à la recherche et développement, vous pourrez découvrir leurs propriétés et leurs usages dans la culture berbère.
Thym, romarin, argan…
Ainsi, traditionnellement, le thym (Thymus satureioides) est mélangé avec du beurre. Le but n’est pas seulement de parfumer la matière grasse, mais surtout d’aider à sa conservation en l’absence de réfrigérateur. En effet, cette plante a des propriétés bactéricides. « Elle est aussi utilisée en tisanes pour combattre les intoxications alimentaires », explique Camilia Belkamel, responsable de la communication et du marketing de Nectarome. Parmi les nombreuses plantes aromatiques de ce jardin, on trouve aussi du romarin (Rosmarinus officinalis), qui entre notamment dans la composition de soins du cheveu. « Le romarin contribue à stimuler la micro-circulation. La plante est ainsi moulue et mélangée au henné, appliqué sur le cuir chevelu pour lutter contre la chute des cheveux tout en les fortifiant. » La verveine est également cultivée dans ce jardin. On en tire des tisanes qui favorisent le sommeil et la digestion ainsi que de l’huile essentielle, efficace contre les dépressions et les perturbations émotionnelles.
Dès la fin du printemps, le jardin se pare de mille fleurs. Plusieurs espèces de pélargoniums, des géraniums odorants typiques de la région, sont cultivées pour faire des tisanes suivant la tradition berbère. On en tire aussi une huile essentielle qui favorise la...
circulation lymphatique, contribue à lutter contre le problème des jambes lourdes et tonifie la peau. Pour compléter la visite, on peut, sur réservation, assister à une démonstration de production d’huile d’argane (ou d’argan). Produit phare du Maroc, l’huile d’argane est utilisée localement pour la préparation du pain, mais aussi dans les cosmétiques. Les petits arbres épineux (arganiers) dont elle est issue ne poussent quasiment qu’au Maroc.
Un potager sous ombrière
Autre décor, autre ambiance. À 24 kilomètres au sud-ouest de Marrakech, l’Aloé d’Agafay est un écovillage perché sur une colline désertique entourée de montagnes. Béatrice Bonnaire, une photographe française, y a conçu un écosite composé de bâtiments en terre crue, dédié à l’aloe vera et à la santé. Formée à l’agroécologie auprès de Terre et Humanisme et de Pierre Rabhi, Béatrice espère rendre le site 100 % autonome et proposer à ses futurs hôtes des produits du jardin ainsi que des soins à base d’aloe vera.
Les allées du potager sont recouvertes d’une ombrière, sorte de toiture faite de roseaux qui protège les légumes du soleil. Ici, les courges et les tomates poussent grâce à l’apport de compost et sont mûres dès la fin du printemps. L’été, la vie ralentit pour ne reprendre qu’à l’automne. Pas facile de cultiver sur une terre aride : en 2016, il n’a pas plu pendant plusieurs mois ! La moindre goutte d’eau est récupérée et circule dans des rigoles qui se déversent dans une citerne souterraine. Un puits, équipé d’une pompe solaire, permet aussi d’arroser le jardin quand il fait trop sec. La culture de l’aloe vera, peu gourmande en eau, est idéale. Béatrice a découvert les vertus de cette plante un jour que sa fille souffrait d’une brûlure purulente. Elle a alors coupé une feuille, l’a pressée pour en faire sortir le gel puis a appliqué celui-ci sur la plaie. « Le lendemain, c’était sec ! » raconte-t-elle. Depuis, elle se passionne pour cette plante aux propriétés hydratantes, cicatrisantes, régénérantes, dont on utilise le gel pour combattre les inflammations et le jus pour faciliter la digestion (en petite quantité, car c’est amer !). Il existe plusieurs centaines d’espèces d’aloès dans le monde. Mais, seul l’Aloe vera (ou Aloe barbadensis) possède ces caractéristiques. « Il faut attendre que la plante ait 4 ans pour la consommer, car c’est là qu’elle concentre le plus de vertus », conseille Béatrice. On la récolte feuille à feuille en fonction des besoins, pour éviter d’affaiblir le pied. Une pratique à laquelle on peut s’adonner chez soi (lire l’article de Christophe Bernard dans notre numéro de Plantes & Santé d’octobre 2016), mais qui, face aux montagnes ocre, prend une tout autre dimension…
Des lieux authentiques
Vallées verdoyantes, montagnes enneigées, déserts de terre rouge, ocre, grise... Les environs de Marrakech révèlent l’extraordinaire diversité des 7 000 espèces de la flore marocaine. Pour préparer son séjour, l’association de tourisme solidaire Maroc Inédit propose des voyages sur mesure. Sa fondatrice, Annie Lavaux, est membre d’un réseau visant à développer l’agroécologie au Maroc depuis 2013. Elle connaît aussi bien les villages et les jardins que le milieu de la recherche universitaire et a notamment organisé un voyage pour des botanistes français et marocains.
Pour en savoir plus : www.maroc-inedit.com
En pratique
Comment y aller
Le plus simple est de prendre un grand taxi et de se mettre d’accord avant sur le prix de la course avec le chauffeur. Compter 150 dirhams (15 euros) pour 5 ou 6 personnes pour aller au jardin de l’Ourika et 200 dirhams (20 euros) pour l’Aloé d’Agafay. N’oubliez pas de vous munir des coordonnées GPS du site et du téléphone, cela peut être utile !
Renseignements
Le jardin bio-aromatique de l’Ourika est ouvert de 9 h à 17 h de septembre à mai et jusqu’à 18 h 30 de juin à août. La visite coûte 70 dirhams par personne. On peut la compléter par un repas et un atelier de beauté berbère. Plus d’info www.jardinbioaromatique-ourika.com Pour ceux qui aiment la montagne, le village de Tizi N’Oucheg, situé au-dessus de la vallée de l’Ourika, vous accueille dans son gîte.
Plus d’info
http://gitetizinoucheg.com
L’ecosite l’Aloé d’Agafay ouvre officiellement cet été, mais organise déjà des événements et l’accueil ponctuel de visiteurs.
Plus d’info aloedagafay.com