Yannick Bohbot - L’herboriste responsable
Yannick Bohbot ne se contente pas de vendre des plantes médicinales en ligne. L’entreprise qui porte son nom se veut à l’avant-garde d’une pratique qualitative de l’herboristerie, associant traçabilité des produits, respect de la biodiversité et exigence sociale.
Passionné de plantes et diplômé en chimie organique, je recherchais une activité professionnelle qui me permette d’avoir du temps pour ma famille, accessible partout et démarrant avec un très faible capital. C’est ainsi que j’ai commencé il y a cinq ans, avec seulement 160 euros et une dizaine de plantes. Actuellement, je comptabilise plus de 200 références ! En même temps, je me suis formé par correspondance dans une école d’herboristerie, l’ARH (Association pour le renouveau de l’herboristerie).
Pour chaque plante, je veux être capable d’offrir une traçabilité : je réalise des fiches techniques, goûte les plantes et les observe à la loupe binoculaire ; je fais aussi réaliser des analyses bactériologiques. Je suis soucieux du sol d’origine de la plante : s’il s’agit d’une espèce endémique en France, je vais l’acheter dans l’Hexagone. J’ai la même exigence pour les plantes exotiques : ainsi, j’achète du desmodium d’Afrique même si la majorité de sa production est réalisée ailleurs. En plus de la qualité, je m’efforce de maintenir une exigence sociale : je favorise les petits producteurs-cueilleurs indépendants ou réunis en coopérative.
Sur le plan de...
l’écologie, je m’associe à d’autres importateurs pour réaliser des achats groupés – ça a été le cas pour le curcuma – et diminuer ainsi l’empreinte carbone liée au transport. Il y a aussi des plantes que je refuse d’acheter si j’apprends que leur cueillette ou leur culture nuit à la biodiversité locale. Par exemple, je n’achète pas de rhodiole provenant de cueillette, mais seulement de culture, d’autant plus que les producteurs ont fait des progrès en termes de qualité.
Mon activité a pris plusieurs directions : en plus de la vente aux particuliers dans toute l’Europe, je distribue aux professionnels de divers horizons, comme des producteurs en biodynamie qui ont besoin de certaines plantes pour leurs préparations. Je peux être le partenaire d’une manifestation comme je l’ai été cette année lors du Congrès des herboristes, qui a proposé ma « Tisane 2.0 », mélangeant cosses de cacao, mauve et fenouil. Je peux aussi rechercher des plantes rares sur demande. Comme je travaille seul, la plus grosse difficulté est d’être partout à la fois.
À tester
Un mélange pour rêver
L’herboriste Yannick Bohbot imagine des mélanges originaux comme le « Mix Dream », une composition qui favorise les rêves. Il a associé la passiflore, la mélisse et le jasmin à des plantes plus rares, comme la laitue vireuse, qui aide à s’enfoncer dans le sommeil, et le nénuphar sacré (Nelumbo nucifera), qui favoriserait la phase de rêve. Une belle promesse !
Initiatives
Médicinales d’Auvergne
En Auvergne, des professionnels se mobilisent afin d’organiser une filière de production de plantes médicinales locales. L’objectif est d’obtenir des actifs végétaux qui offrent aux industriels qualité et traçabilité. Ce projet baptisé « Plantinauv » regroupe au total une trentaine de personnes (cultivateurs, universitaires et industriels). Six espèces végétales seront retenues et mises en culture dans des zones de montagne (Puy-de-Dôme et Cantal), autrement dit dans des stations où elles poussent naturellement.
Éloigner les abeilles pour les protéger
Cet été, un dispositif destiné à éloigner les abeilles a été distribué gratuitement aux producteurs de lavande et de lavandin. Créé par le CRIEPPAM, un centre d’expérimentation sur les plantes médicinales, il vise à épargner les insectes lors de la récolte des fleurs de Provence. Le système, simple, se compose de deux tubes montés sur chacun des cueilleurs afin de faire fuir les butineuses avant le passage dans le rotor. Les résultats, encourageants, montrent une dimininution de 50 % de la mortalité des abeilles lors de la récolte.