Un artisan de la couleur végétale
Passionné depuis les années 1990 par la couleur végétale, créateur du Jardin conservatoire des plantes tinctoriales, Michel Garcia développe désormais sa propre entreprise. Expert en colorants et teintures, il transmet ce savoir-faire à la fois ancien et moderne sans trahir son approche artisanale.
La couleur végétale, c’était mon jardin secret. Avant de créer Plantes et couleurs, je m’intéressais beaucoup aux travaux artisanaux liés aux plantes et je faisais mes échantillons maisons. Comme j’étais plâtrier, j’ai pu expérimenter la coloration des plâtres, domaine dans lequel on utilisait beaucoup d’acrylique à l’époque. J’ai eu envie de battre en brèche des clichés qui tiennent encore aujourd’hui, comme «les couleurs naturelles ne tiennent pas». Beaucoup de personnes ont une idée simpliste de ce savoir-faire, alors que cela demande une véritable technicité... Il faut respecter des proportions précises et bien connaître le végétal dont on va tirer la couleur. Réussir à faire un très beau rouge avec la garance n’est pas facile. La laque de garance, elle, m’est demandée par des luthiers. Ils savent que cela joue sur la sonorité de l’instrument. J’ai aussi mis au point une synergie de plantes, avec entre autres le symplocos (arbuste d’Asie), pour teindre la laine en un seul bain et éviter les nombreuses étapes qui compliquent le travail de cette matière.e fabrique...
aussi des encres, des pigments pour les artistes peintres. En fait, j’ai toujours été un peu chimiste, et c’est ce travail de mise au point, de formulation du colorant qui me plaît. Désormais, je peux aussi me consacrer à la recherche. Je travaille par exemple sur des extraits de rhubarbe qui absorbe les ultra-violets, et je cherche une application pour le textile. Enfin, je fais beaucoup de formations et j’accompagne les projets des personnes qui souhaitent cultiver des plantes tinctoriales et produire des couleurs végétales. C’est presque devenu une mode, on se rend compte qu’elles préservent notre santé et l’environnement. Pour moi, développer ce travail d’artisan est essentiel. Ce sont les artisans qui changent la société, ils sont toujours précurseurs.
Propos recueillis par Claire Lecœuvre Plantes et couleurs
À essayer
Créer sa propre teinture
Comment obtenir des couleurs d’origine 100 % végétale pour teindre de la laine, de la soie ou du coton ? Pendant deux jours, Michel Garcia vous éclaire sur la transformation des plantes tinctoriales. Il vous apprend par exemple à faire sécher les feuilles d’indigo, à en faire une poudre qu’il faudra mêler à de l’argile puis à de l’eau dans une cuve avant d’y faire tremper le tissu. Ces stages sont conçus pour des amateurs passionnés et des professionnels.
Initiatives
Les fruits d’antan en fête
Le Conservatoire végétal régional d’Aquitaine organise la Fête de l’arbre et des fruits d’antan les 29 et 30 novembre à Montesquieu, en Lot-et-Garonne. L’occasion de se procurer des variétés anciennes de fruitiers, mais aussi de piocher de bons conseils pour les plantations. Des associations seront présentes pour parler de leurs activités en faveur de la biodiversité cultivée et des artisans locaux proposeront leurs bons produits du terroir, noix, noisettes, alcools, miels, épices et vins.
www.conservatoire vegetal.com
E-formation d’herboriste
En réponse à une forte demande locale, l’association Cap santé a créé l’école bretonne d’herboristerie. La formation se déroule sur deux ans et prend la forme d’un enseignement à distance complété par des visites chez des producteurs, des sorties botaniques et des stages de fabrication de préparations à base de plantes.