Cueilleur de plantes sauvages : un métier qui a de l’avenir !
Une charte, des informations pour découvrir le métier ou encore des conseils pour cueillir les plantes dans les règles de l’art : le métier de cueilleur est bien vivant et la profession s'organise pour défendre son savoir-faire ainsi que la ressource.
La cueillette est une des rares activités humaines qui n’ait jamais cessé d’être pratiquée. L’agriculture a certes permis la domestication des plantes. Mais de nombreux végétaux, parce qu’ils sont si généreux à l’état sauvage ou parce qu’ils ne produisent pas autant de principes actifs à l’état cultivé, continuent d’être ramassés dans la nature. Actuellement, la cueillette connaît un fort renouveau : en France, quelques centaines de personnes en ont même fait leur métier. Ils sont cueilleurs de plantes fraîches pour des laboratoires de produits homéopathiques, de plantes à sécher pour l’herboristerie. Ils travaillent au sein de coopératives, de syndicats ou bien comme indépendants. Le nombre des plantes cueillies en France est estimé à 700 espèces dont 250 ramassées de manière régulière.
Afin de promouvoir leur savoir-faire mais aussi de protéger la ressource, certains d’entre eux – une cinquantaine - se sont regroupés au sein de l'Association Française des professionnels de la Cueillette des plantes sauvages (AFC). Vient d’aboutir le fruit d’un long travail : une charte professionnelle a été rédigée afin de préciser leurs valeurs fortes : la protection de la ressource, le respect de la réglementation, les savoirs et savoir-faire et la déontologie du métier. « La charte a été écrite par et pour les cueilleurs, commente Thomas Echantillac, président de l’AFC, qui poursuit : elle donne de la visibilité à notre profession et montre que nous sommes conscients de notre responsabilité sur la biodiversité ». Avec la demande croissante en ingrédients végétaux de la part des consommateurs, les industriels recherchent de plus en plus de matière première et poussent certains cueilleurs à surexploiter les ressources naturelles. Deux plantes sont particulièrement menacées : l’arnica et la gentiane.
En plus de la charte, l’AFC a produit cinq fiches techniques de plantes, sur l’arnica et la gentiane, mais aussi le millepertuis, l’aubépine et la lavande. « Ces documents sont le fruit d’enquêtes de terrain qui rendent compte de nos pratiques actuelles », explique Thomas Echantillac. L’association a aussi mis en ligne la fiche « S’installer en tant que cueilleur ? » : elle répond aux interrogations de jeunes ou de personnes en reconversion, attirés par le contact avec la nature. « Nous recevons de nombreuses demandes provenant de personnes souhaitant démarrer une activité de cueillette », témoigne le président de l’AFC.
Toutes ces avancées dans l’encadrement de cette belle profession n’auraient été possibles sans le projet FloreS, une « recherche-action » financée par une l’Université de Lausanne en Suisse et la Fondation d’entreprise Hermès. « Pendant quatre années, nous avons permis à ces professionnels isolés les uns des autres de se rencontrer, de définir les valeurs qu’ils partagent ou encore de lister les bonnes et les mauvaise pratiques », raconte Claire Julliand, coordinatrice du projet FloreS. Prochain grand chantier pour l’AFC : créer un label afin de distinguer leurs produits des autres, ceux qui ne respecteraient pas la charte. « Dans cette association composés de cueilleurs qui vivent tout ou partie de la cueillette, le respect de la ressource est aussi important que la reconnaissance de leur éthique », estime Claire Julliand. A venir aussi des ateliers de sensibilisation du grand public sur le terrain.
Plus d'infos : www.cueillettes-pro.org