Plantes et Santé Le magazine de la santé par les plantes

Des antibiotiques, d’accord... mais naturels! (2/3)

Le règne végétal nous offre une panoplie considérable d’outils pour lutter contre les infections. Trop souvent ignorés du corps médical, ils sont pourtant une alternative parfois salutaire au diktat du tout antibiotique, une ère dont le temps semble de toute façon compté.

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Des végétaux et des infections

«Le microbe n’est rien et le terrain est tout», a mis en évidence le médecin Claude Bernard. Pour soutenir ce terrain, et plus précisément les défenses immunitaires endogènes, les plantes peuvent vous aider à constituer un bouclier.

Certes, une bonne immunité dépend en premier lieu de votre mode de vie: un nombre d’heures de sommeil suffisantes, des temps de relaxation pour contenir le stress, l’absence de déficits nutritionnels et un apport suffisant en minéraux, vitamines (C, B1) et en oméga 3 sont des réflexes à adopter en prévention ou face aux infections. Une supplémentation en vitamine D s’avérera également particulièrement utile en hiver, mais gardez tout de même la complémentation en zinc pour la prévention et arrêtez-la lors des épisodes infectieux.

En termes de plantes, évoquons celles qui ont des propriétés immunomodulantes ou stimulantes à même d’éviter que l’infection ne s’installe. Il faut en premier lieu citer les échinacées (Echinacea angustifolia et purpurea) qui stimuleront l’activité de vos macrophages, le nombre de vos globules blancs et celui de vos immunoglobulines. On pourrait également évoquer le curcuma, habituellement plus connu pour ses propriétés anti-inflammatoires, qui améliorera également, même à faible dose, la réponse de vos anticorps (macrophages, neutrophiles, cellules tueuses naturelles). Parmi les grands généralistes à mettre à l’honneur du fait de leur large spectre d’action, citons l’ail, un des meilleurs antibiotiques naturels. La plante et son principe actif (l’allicine) ont montré des effets inhibiteurs sur des bactéries aussi différentes que Salmonella enteritidis et Escherichia coli, (gastro-entérites, infections urinaires), streptocoques de la flore buccale, Klebsiella pneumoniae ou staphylocoque doré impliqués dans de nombreuses maladies nosocomiales. Les études montrent que son pouvoir antibactérien diminue avec le temps de stockage et à la cuisson. Aussi, préférez le cru, frais et broyé. En préventif, il stimule en outre la multiplication des macrophages et des lymphocytes. Autre anti-bactérien d’une grande efficacité issu du règne végétal, l’extrait de pépin de pamplemousse, utile sur les infections de la sphère ORL, la grippe, les affections bronchiques et les infections intestinales ou vaginales.

Certaines armes végétales anti-infectieuses ont des affinités avec tel ou tel système du corps. Ainsi en est-il de la busserole pour le système urinaire ou de la bardane pour les infections cutanées : en teinture mère, utilisée pure en compresse (environ 100 gouttes), sa concentration en arctioside en fera une arme utile contre furoncles, abcès et anthrax. Rappelons ici cette règle...

qui vaut pour les plantes et les huiles essentielles, comme pour les antibiotiques : il ne faut pas les arrêter aux premiers signes de recul de l’infection, mais bien les continuer au-delà de la disparition apparente des symptômes, d’une dizaine de jours pour les infections courantes à plusieurs semaines pour des foyers infectieux plus installés.

Une des raisons de la résistance des bactéries aux traitements tient à leur incroyable intelligence collective, produit de stratégies de survie élaborées sur des millions d’années. Une de ces stratégies consiste à se regrouper en colonies solidaires au sein de biofilms, sortes de glus composées de polysaccharides que les bactéries sécrètent. La plaque dentaire en est l’illustration la plus connue. Cette gangue, qui adhère aux tissus du corps, mais aussi aux surfaces inertes comme les implants, est à la fois une manière de résister aux attaques extérieures et un système très sophistiqué d’échange de nutriments et d’informations génétiques entre bactéries. S’il faut attendre la fin des années 1990 pour qu’on prenne au sérieux le rôle spécifique des biofilms dans les maladies infectieuses, il est aujourd’hui admis qu’ils jouent un rôle majeur dans les infections, notamment nosocomiales, et la résistance aux traitements. Ici aussi, les plantes peuvent aider, seules ou en synergie avec les antibiotiques dans les cas graves. Des études ont par exemple montré l’utilité de la canneberge en prévention des biofilms bactériens dans les cas de parodontites, et aussi pour empêcher l’adhésion d’Escherichia coli dans les infections urinaires ou intestinales. On pourrait également citer les vertus antibiofilm remarquables de la propolis ou des huiles essentielles contenant des coumarines telles que la livèche.

Les propolis sur le front

Composée en général de 50 % de résine, 30 % de cire, 10 % d’huiles essentielles, 5 % de pollen et 5 % d’autres substances,la propolis est produite par les abeilles à partir des exsudats de bourgeons d’arbre. Parmi les constituants avec une activité biologique majeure, on trouve beaucoup de flavonoïdes, dont la composition varie énormément selon les végétaux dont elle est issue, et donc l’origine géographique. Allant du brun foncé sous nos latitudes (peupliers, frênes, saules...) au jaune, au vert ou même au rouge dans certaines parties d’Amérique du sud ou de Chine, ses différentes propolis possèdent des propriétés thérapeutiques qui peuvent également varier. Elles ont néanmoins en commun d’avoir une activité antimicrobienne majeure sur les bactéries à Gram positif : grippe, rhino-pharyngite, gastro-entérite, caries... Peu de chose lui résiste. Pour les infections nosocomiales, on lui préférera les huiles essentielles, sauf peut-être pour le staphylocoque doré sur lequel la propolis a montré des effets inhibiteurs intéressants lorsqu’il se situe sur des tissus mous.

Soigner une infection urinaire

Les bactéries responsables des cystites sont le plus souvent d’origines digestives (Escherichia coli, Proteus mirabilis, Enterobacte...). Aussi faut-il être particulièrement vigilant à l’équilibre de sa flore intestinale par la prise de probiotiques et également lutter contre la constipation qui encourage le passage des bactéries d’un système à l’autre. Du coté des plantes, lors d’infections déclarées, on utilisera en priorité la busserole (Arctostaphylos uva-ursi) en infusion (12 g pour un litre d’eau bouillante, à infuser 15 minutes), à raison d’un litre par jour pendant 10 jours. Pour plus de commodité, vous pouvez prendre des spécialités de pharmacie avec la même plante (par exemple, Elusane 3 gélules 3 fois par jour pendant 10 jours). En prévention des récidives, privilégiez la prise au long cours de canneberge (Vaccinium macrocarpon) dont les proanthocyanidols inhibent l’adhérence des bactéries à l’épithélium de l’arbre urinaire. Lors d’infections et en prévention, buvez beaucoup d’eau !

Des bactéries parfois bénéfiques

Une recherche récente publiée dans la revue Microbiomea montré qu’embrasser votre partenaire la bouche ouverte pendant seulement dix secondes suffisait à faire passer plus de 80 millions de micro-organismes. Faut-il s’en alarmer ? Certainement pas. Les bactéries sont indispensables à la vie et au développement du système immunitaire, et beaucoup d’entre elles ne deviennent à proprement parler pathogènes que lorsqu’elles se développent de manière anarchique ou en dehors de leur terrain d’élection habituel. Ainsi, même si les propriétés spécifiquement bactéricides (qui tuent les bactéries) et bactériostatiques (qui limitent leur propagation) des plantes sont intéressantes, il faut aussi raisonner en termes d’écosystème bactérien et d’équilibre plutôt que d’éradication systématique.

Quel extrait de pépin de pamplemousse?

D’après certaines études, l’action préventive ou curative de l’EPP pourraits’étendre à 800 souches de bactéries, virus, champignons et parasites, encore une fois grâce aux bioflavoinoïdes. Mais la popularité du remède fait qu’aujourd’hui, le meilleur côtoie parfois le pire. Utilisation de différentes espèces de pamplemousse, absence de traçabilité, procédés de fabrication ou excipients douteux... Si tous les paramètres ne sont pas contrôlables, essayez de vous assurer : qu’il s’agit bien de pépins du Citrus paradisi (et non de Citrus grandis, par exemple), que l’extraction est sans solvant chimique ou alcool (préférezla glycérine végétale) et que la teneur en bioflavanoïdes n’est pas artificiellement boostée par des apports externes. Préférez la forme liquide et les marques françaises pour des questions de traçabilité.

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