Les plantes nous en mettent plein la vue
L’œil est un organe aussi fragile que précieux. Comme souvent en naturopathie, ce qui compte c’est de pallier les carences et de réguler les excès – sucre, toxines, tension – pour permettre à l’organe malade de se régénérer. Mais, pour le protéger et le soigner, il existe aussi tout un éventail de plantes. De quoi apprécier à nouveau la lumière, les formes et refaire le point sur les images du monde.
[Mis à jour le 27/06/2018] L’œil est l’un des cinq organes des sens avec l’oreille (ouïe), le nez (odorat), la bouche (goût) et la peau (toucher). Pour pouvoir voir, notre système nerveux analyse le spectre lumineux. L’œil est donc un organe sensible à la lumière. Or la lumière est une radiation susceptible d’oxyder nos tissus. L’œil est donc en première ligne pour subir les dégâts de l’oxydation. C’est à cela que Rudolph Steiner faisait sans doute référence en disant que lorsque l’œil présente un aspect d’inflammation, c’est qu’il « s’est enflammé au contact de la lumière ».
Mais si cette approche symbolique, et très naturopathique, explique déjà un certain nombre de pathologies. Il faut toutefois admettre que les pathologies de l’œil sont compliquées du fait même de la complexité de cet organe. C’est pourquoi il est nécessaire d’exposer précisément et clairement les aspects physiologiques de l’œil et d’en décrire au mieux les pathologies avant d’envisager des solutions naturelles. Comme toujours, celles-ci sont complémentaires aux prescriptions médicales.
Les pathologies de l’œil sont en fait de trois natures : celles qui sont dues au vieillissement naturel ou à un dérèglement organique, les maladies induites par un agent extérieur, et enfin celles dont l’œil n’est qu’un symptôme alors que la cause est plus générale.
Diabète et rétinopathie
Le diabète est l’une des causes les plus fréquentes de cécité. La maladie diabétique entraîne l’apparition de lésions de la rétine : c’est la rétinopathie diabétique. Complication grave du diabète, elle est la cause d’une baisse de vision progressive, qui survient généralement après quelques années d’évolution de la maladie. Cette baisse passe le plus souvent inaperçue au début, car elle épargne la partie centrale de la rétine. La vision ne commence à diminuer que lorsque la macula est elle-même atteinte, alors que la maladie s’est installée silencieusement depuis longtemps. Le traitement de la rétinopathie diabétique passe obligatoirement par un régime alimentaire équilibré et par des plantes régulatrices du taux sanguin de sucre.
Citons ici la feuille de myrtille (Vaccinium myrtillus, à ne pas confondre avec la baie qui a d’autres actions sur l’œil dans un cadre différent…), de noyer (Juglans regia), de baccharis (Baccharis trimera), les cônes de houblon (Humulus lupulus) et l’aigremoine (Agrimonia eupatoria), que je préconise souvent. Mais d’autres plantes comme le galéga (Galega officinalis), l’olivier (Olea europaea), le fenugrec (Trigonella foenum-graecum) peuvent s’employer avec efficacité. Ces plantes doivent être dosées en fonction des besoins de chacun. Elles peuvent entraîner des effets positifs rapides sur la glycémie et à partir de là, être utilisées régulièrement pour soutenir le travail pancréatique. Si vous n’utilisez pas de feuille de myrtille dans votre formule, pensez à un complément en chrome naturellement contenu dans cette dernière…
Mais une personne qui connaît son état « pré-diabétique » aura également avantage à prendre des plantes régulatrices du système nerveux. Car le pancréas, en tant qu’organe, est responsable d’un apport de glucose constant, seule source de nourriture des cellules nerveuses. En tant que naturopathe, je me dis souvent que le pancréas est une pièce annexe mais essentielle du système nerveux. Peut-être même est-il sous « surveillance nerveuse » ? Lorsque les tensions et le stress s’accumulent et deviennent trop forts, c’est parfois lui qui lâche le premier. Pour éviter l’apparition du diabète, pour ralentir son évolution et accompagner la régulation du sucre, certaines plantes indiquées pour le stress et les tensions nerveuses sont également nécessaires. On retiendra ici bien sûr des plantes adaptogènes, dont la première est le ginseng. Deux gélules par jour, de préférence le matin, sur des périodes de vingt jours par mois, à renouveler régulièrement, d’autant plus qu’on constatera une amélioration générale de l’état de santé. Dans la même logique, on pourra utiliser la rhodiola, et la racine d’aunée (Inula helenium) pour ses effets directs sur la flore, et plus subtils, sur le système nerveux. Mêmes doses, mêmes durée de cures, mêmes fréquences de renouvellement…
Cataracte
Il y a plusieurs cataractes, mais la plus fréquente est celle due au vieillissement naturel du cristallin. Elle se caractérise par une opacification du cristallin entraînant une baisse de la vue. D’évolution lente et progressive, elle cause une baisse de vision de plus en plus gênante. Au début, le sujet est gêné par une sensibilité anormale à la lumière (photophobie), surtout marquée sous forte lumière (éblouissement au soleil ou par des phares lors de la conduite de nuit), pouvant s’accompagner de larmoiement réflexe. Progressivement, la baisse de vision devient de plus en plus pénible et entrave les gestes les plus courants de la vie.
Dès les premiers signes, il faut commencer à drainer en profondeur. Si le cristallin s’opacifie c’est que l’organisme élimine mal les déchets du métabolisme qui s’accumulent en trop grande quantité. Le ralentissement de l’opacification passe donc par une désintoxication, notamment par un drainage important des toxines vers les organes excréteurs. En particulier via le système lymphatique et le système hépatique.
- Le système lymphatique peut être drainé par quelques plantes qui ont au départ une action sur la fonction rénale. Il s’agit d’abord de la baie de genièvre (Juniperus communis) . Pour faire une bonne cure, son emploi est fort simple : prenez une baie le premier jour que vous mangerez en l’accompagnant d’un grand verre d’eau. Le second jour, vous prendrez deux baies, toujours accompagnées d’un grand verre, et ainsi de suite jusqu’au 21e jour. Vous diminuerez ensuite les doses à l’inverse jusqu’au 41e jour. Une autre formule consiste à prendre quelques baies (par exemple une cuillère à café), pour en faire une décoction à prendre deux fois par jour, avant ou après les repas, pendant trois semaines. Si le goût ne vous convient pas, essayez l’aubier de tilleul (Tilia europaea), un bon draineur lymphatique aussi. Cette cure se fait sur trois semaines, à hauteur de deux bonnes cuillerées à soupe pour un litre à boire dans la journée (pas le soir). Dans les deux cas, une décoction de deux minutes suivie d’une infusion de dix à quinze minutes est suffisante.
- Le foie a un rôle important à jouer en tant qu’émonctoire central dans le corps. Il faut donc penser à son bon fonctionnement devant une cataracte. Outre un réglage alimentaire ou une diminution des quantités alimentaires, si on a un gros appétit, on pourra avoir recours au chrysanthème (Chrysanthellum americanum) . Deux gélules prises à chaque repas, midi et soir, sur une période de 21 jours – qu’on renouvellera le mois suivant – seront des plus efficaces. Attention à bien supprimer les sucres rapides en fin de repas.
Dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA)
La DMLA est responsable d’un nombre croissant de cas de malvision, proportionnel à l’augmentation de l’espérance de vie. On estime qu’elle affecte la moitié de la population à partir de 70 ans. Touchant principalement la région maculaire, c’est-à-dire la zone de la rétine utilisée pour voir les objets fixés par l’œil, cette dégénérescence des cellules rétiniennes se traduit par une gêne visuelle plus ou moins perceptible au début. Peu à peu, la lésion augmente de taille, créant une zone aveugle (scotome). La vision de près (en particulier la lecture) devient rapidement très pénible, voire impossible.
Outre un régime alimentaire équilibré, riche en fruits et légumes contenant des vitamines A, C et E (chou, brocoli, carottes, kiwi…), il faut une supplémentation qui apporte un caroténoïde spécifique des besoins de l’œil : la zéaxanthine que l’on trouve en abondance dans les épinards, les choux et les brocolis.
On peut également enrichir ses apports avec une autre molécule encore plus performante : l’astaxanthine. Cet extrait de l’algue Haematococcus pluvialis, une algue d’eau douce, se trouve dans le commerce sous la forme de capsules molles. Elle est associée à des matières grasses végétales pour mieux favoriser son assimilation. Une capsule par jour aura un effet préventif des meilleurs, avec une répercussion sur l’état de la peau, sur les phanères, surtout chez les personnes au teint clair ou qui sont très sensibles au soleil. Ce complément est aussi très recommandé chez les grands sportifs.
Glaucome
Le glaucome est une maladie assez fréquente (1 à 2 % de la population en France métropolitaine), touchant surtout les adultes après 40 ans. Il s’agit d’une maladie grave de la vision, entraînant une destruction lente du nerf optique qui détériore le champ visuel, avec menace de cécité à terme. Il ne s’accompagne d’aucune douleur et la vision des détails peut se conserver durant de longues années, c’est pourquoi il est impossible de savoir si l’on est atteint d’un glaucome débutant. Seul un examen pratiqué par un ophtalmologiste peut en révéler la présence. Il existe plusieurs causes à l’apparition du glaucome, mais parmi les facteurs de risque, une pression oculaire trop élevée est de loin la plus fréquente et la plus importante.
On ne peut pas venir à bout d’un glaucome, les destructions du nerf étant irrémédiables. En revanche, on peut agir sur la pression intra-oculaire pour la ramener à un niveau qui ne dégrade plus l’œil.
Pour agir directement sur la pression sanguine, on peut prendre du Ginkgo biloba, dont les effets sur la santé du cœur et des artères ne sont plus à prouver. Prendre chaque jour deux à trois gélules de cette plante.
En parallèle, comme le dérèglement de la pression est une conséquence d’un dérèglement du système nerveux, je conseille un traitement de fond qui soulagera les reins et qui modulera ainsi la réponse de l’organisme au stress. Une tisane équilibrante des reins est ici toute recommandée. La feuille d’olivier (Olea europaea à raison de 2 gélules par jour), qui possède des vertus toniques immunitaires en plus d’un effet sur la tension, devrait ici être essayée. À défaut de retour de la part de patients, je ne peux témoigner davantage, mais tout effet positif de cette plante sur ce problème de santé m’intéresse…
Zona ophtalmique
C’est la manifestation du virus du zona sur le nerf ophtalmique. Au début, il survient des douleurs, le plus souvent frontales, comme des brûlures. Puis apparaissent des plaques rougeâtres qui se couvrent de vésicules. L’éruption devient très douloureuse et l’évolution se fait lentement en quinze jours avec apparition de croûtes qui se dessèchent. L’atteinte est unilatérale : côté gauche ou côté droit. Les complications oculaires sont fréquentes et peuvent être graves : ce sont soit des complications cornéennes, soit des uvéites, soit des atteintes du nerf optique. Le traitement de la médecine est peu efficace. Il consiste simplement en la désinfection locale pour éviter une surinfection avec prise d’antiviraux qui peuvent, au mieux, diminuer l’intensité des signes.
J’ai pu constater à de nombreuses reprises que l’huile essentielle de ravintsara (Cinnanomum camphorum), en massage quotidien sur les tempes ou sur la nuque, soulageait rapidement les symptômes et agissait en profondeur sur le zona. Une à deux gouttes en massage le soir avant de se coucher.
Syndrome de Gougerot-Sjögren (SGS)
Le syndrome de Gougerot-Sjögren est une affection inflammatoire qui se caractérise par une sécheresse oculaire et buccale qu’on appelle plus généralement le syndrome sec. Il touche environ 3 % de la population et majoritairement les femmes de plus de 60 ans. Le SGS est une maladie pouvant être isolée, ou associée à une affection telle que la polyarthrite rhumatoïde ou la sclérodermie.
Je me suis aperçu que, chez la plupart des personnes atteintes de ce syndrome, on retrouve dans le passé un stress venu dérégler l’équilibre surrénalien, perturbant ainsi le fonctionnement de régulation de l’organisme et favorisant les inflammations des tissus. La cible n’est alors pas les muqueuses à réhydrater péniblement mais les surrénales à soulager. Les plantes phares du rééquilibrage des surrénales sont toutes contenues dans la tisane « équilibrante rénale » (verge d’or, arénaria, astragale, salsepareille, busserole, bruyère, lapacho, lavande et grémil).
Migraine ophtalmique
La migraine ophtalmique est dite migraine avec aura. On parle d’aura car elle débute par des troubles de la vision qui touchent généralement les deux yeux. Les malades voient comme un point scintillant qui grossit progressivement jusqu’à gêner la vision, parfois des zigzags lumineux qui migrent d’un côté ou de l’autre, ou encore un effet de kaléidoscope. Le plus souvent, ces sensations visuelles précèdent de fortes céphalées qui vont toucher la moitié du crâne et dont la douleur peut être accentuée par la lumière, avec une impression de barre sur le front. Dans un tel état, les migraineux sont souvent aussi pris d’un coup de fatigue, de nausées, voire de vomissements. Lors de ces crises, telles que peuvent potentiellement les connaître sept millions de français, le mieux est de rester couché dans l’obscurité, à l’écart de tout bruit.
Souvent, les migraines ophtalmiques me sont apparues comme ayant pour origine un trouble hormonal qui se manifeste à travers les yeux et qui n’a physiologiquement ou mécaniquement rien à voir. C’est l’hypophyse qui est déréglée. J’ai pu constater que c’était souvent en rapport à une carence en oméga 3. En traitement de fond, à raison de six gélules par jour d’huile d’onagre, les crises s’espacent, sont moins violentes et à terme disparaissent. L’huile de bourrache peut également très bien faire l’affaire. En complément, pour les cas les plus difficiles, des séances d’ostéopathie crânienne peuvent rapidement soulager les tensions qui se sont accumulées autour de l’œil.
Les principales pathologies de l’œil sont directement liées au vieillissement naturel de l’organisme. Si l’on s’en préoccupe trop tard, on ne pourra au mieux que retarder l’inévitable. Prises à temps, en revanche, tout est permis. Une hygiène alimentaire qui privilégie les fruits et légumes riches en sélénium, en vitamine A, E et surtout C doit normalement assurer la bonne santé de la fonction oculaire, si indispensable.
Carnet d’adresse: