Dossier
Voyage au pays des épices qui soignent (4/7)
Un soupçon d’histoire, une pincée de botanique et une bonne dose de phytothérapie : on ne saurait parler des pouvoirs thérapeutiques des épices sans évoquer leur riche passé et sans s’émerveiller devant leurs formes végétales. Presque toutes sont dotées des propriétés digestives. Mais certaines se distinguent comme la cannelle, le curcuma, le clou de girofle et le safran, car leurs vertus les rendent indispensables aujourd’hui quand on veut se soigner par les plantes.
Le giroflier, un bouton floral anti-microbes
On imagine difficilement que ce « clou » provient en fait d’une partie délicate du giroflier, grand arbre tropical d’origine indonésienne : son bouton floral. Cueilli à la main quand il est sur le point d’éclore, puis séché au soleil et fumé sur des claies ou dans des fours, il exhale un parfum qui évoque aussitôt des souvenirs de… consultation chez le dentiste. Dès le XVIe siècle, le médecin Ambroise Paré présente le clou de girofle comme un analgésique dentaire, une réputation qui s’est maintenue jusqu’à notre époque. Au XVIe siècle, l’épice est si recherchée qu’elle est alors plus chère que l’or.
Le clou de girofle est un remède très puissant à plusieurs niveaux. Tout d’abord, il est doté de propriétés anti-infectieuses : il est antiviral, anti-bactérien à large spectre, antifongique et antiparasitaire. Il n’est pas seulement indiqué contre les infections dentaires, mais aussi ORL et respiratoires, hépatiques virales et intestinales. On peut réaliser une décoction en faisant bouillir 5 clous dans 1 litre d’eau pendant 15 minutes. Cette tisane se prend en gargarisme pour les maux de bouche ou se boit dans la journée avec du miel. Comme la cannelle, le clou de girofle constitue un bon stimulant général en cas de grande fatigue et lutte contre le refroidissement du corps. En même temps, il a des effets sédatifs et antalgiques : il est employé en dentisterie pour les urgences douloureuses, contre les douleurs articulaires et les céphalées. Son huile essentielle est utilisée dans les maternités allemandes pour accompagner l’accouchement : elle favorise les contractions utérines en plus de son action antalgique et anesthésiante.
Vous pouvez mâcher un clou de girofle après le repas pour éviter la mauvaise haleine. Cette épice puissante comporte des contre-indications : évitez d’en abuser en cas d’ulcère de l’estomac, de colite, de côlon irritable, d’hémorroïdes ou de rectocolite hémorragique.
D’Indonésie, mais aussi de Madagascar
Originaire des îles Moluques en Indonésie, le giroflier a été introduit à Madagascar en 1827 lorsque Pierre Poivre, explorateur et botaniste français (qui n’a pas donné son nom au poivre !), a eu l’idée d’en faire pousser sur l’île Sainte-Marie. Et l’arbre a su s’adapter à son nouvel environnement, au nord de l’île, fait de collines verdoyantes. Dès les années 1920-1930, la Grande Terre est devenue l’un des principaux producteurs et exportateurs de clous de girofle au monde. La région autour de Sainte-Marie a alors été rebaptisée l’Analanjirofo, « la région des clous de girofle » en malgache. Mais, si aujourd’hui 40 % de la production mondiale est cultivée dans cette région, cette culture est menacée : les plantations de girofliers sont vieilles et abîmées à cause de la coupe surabondante des branches et de la cueillette excessive des feuilles du giroflier pour fabriquer de l’huile essentielle. Nombre de plantations ne sont pas replantées pour diverses raisons (pression foncière et manque de repreneurs).
Cataplasme contre les maux de tête
Ingrédients
• 10 clous de girofle
• 1 cuillère à soupe de miel
Préparation
1. Réduisez les clous de girofle, dans un mortier ou un moulin électrique, puis mélangez avec le miel pour former une pâte homogène.
2. Appliquez la préparation sur un linge ou une compresse et posez ce cataplasme sur le front. Maintenez-le en place pendant 1 heure.
Recette extraite du livre 22 épices pour préserver sa santé, du Dr Guy Avril, éd. Terre Vivante, 2010.