COP21 : Rencontres autour du vivant (3)
Responsable du service arbres et paysage au sein de la métropole de Lyon, Frédéric Ségur anime une charte qui vise à redonner une meilleure place à l’arbre dans le développement urbain. Ce gestionnaire d’espaces verts nous présente l’intérêt de faire évoluer l’urbanisation.
Plantes & Santé Le changement climatique peut-il nous inciter à rendre nos villes plus vertes ?
Frédéric Ségur Oui, car la végétation stocke du carbone et contribue à réduire les émissions de gaz à effet de serre. De plus, elle fait baisser la température. Avec la canicule de 2003, on s’est rendu compte à quel point les murs et les sols imperméables emmagasinent la chaleur le jour et la restituent la nuit. Pour rafraîchir l’air, on peut planter des arbres dans les rues, les jardins, mais aussi utiliser les nombreuses surfaces disponibles. Un mur aveugle peut accueillir des plantes grimpantes, une toiture horizontale peut être végétalisée : c’est mieux que de la recouvrir d’un goudron noir. Au Grand Lyon, le nombre d’arbres est passé de 40 000 à 90 000 en une vingtaine d’années.
P. & S. Quelles sont les conséquences sur la santé ?
F. S. Les arbres agissent comme des climatiseurs naturels. Leur présence permet de rafraîchir et d’humidifier l’atmosphère et contribue à une meilleure circulation de l’air. Mais il ne faut pas planter n’importe quoi et nous devons tenir compte du risque d’allergie. Car le changement climatique nous rend plus sensibles aux allergènes, en augmentant la durée et l’intensité des pollinisations. Aussi, mieux vaut éviter de planter trop de bouleaux et de cyprès, qui sont très allergisants. Il faut varier les espèces utilisées pour qu’elles ne fleurissent pas au même moment et que les concentrations en allergènes soient diminuées. Au lieu de créer des alignements de platanes ou de tilleuls au bord des routes, nous avons, par exemple, planté une vingtaine d’espèces différentes le long d’un boulevard urbain.
P. & S. À quoi sert la charte de l’arbre que vous avez mise en place ?
F. S. Elle permet de donner une place aux arbres dans les documents d’urbanisme : pour quatre places de stationnement sur les parkings, il faut mettre un arbre. À nous d’expliquer cette contrainte aux gestionnaires de magasins. Nous plantons aussi la végétation en contrebas des routes afin qu’elle puisse bénéficier de l’écoulement naturel des eaux, et nous cherchons le plus possible à rendre les sols perméables en les végétalisant ou en laissant des joints naturels d’herbe ou de sable entre les pavés.